Brexit : Les pêcheurs britanniques veulent reprendre le contrôle de leurs eaux
FISHXIT•Après le Brexit, le gouvernement conservateur du Premier ministre Boris Johnson veut légiférer pour évincer les navires étrangers20 Minutes avec AFP
Le Brexit donnera-t-il un coup de pouce à l’industrie de la pêche britannique ? C’est bien ce qu’espèrent les pêcheurs anglais : le déclin de leur secteur de ces dernières décennies est en partie attribué à l’autorisation donnée aux navires européens de pêcher dans les eaux britanniques. Avec la sortie de l’Union européenne, le moment leur semble donc venu pour que le Royaume-Uni de reprendre le contrôle de ses eaux.
Mais si le Royaume-Uni quitte l’Union européenne vendredi, le pays restera lié à la Politique commune de la pêche (PCP) jusqu’à la fin d’une période de transition le 31 décembre. « C’est clair que notre propre flotte doit passer en premier », estime par exemple David Shiel, capitaine du chalutier The Good Fellowship.
Sujet clé du Brexit
Alors que la pêche représente moins de 0,1 % du PIB du Royaume-Uni, le sujet a pesé en faveur du départ de l’UE lors du référendum de 2016. Depuis que le Royaume-Uni a rejoint la Communauté économique européenne en 1973 – qui est devenue plus tard l’UE –, la Politique commune de la pêche a accordé aux navires européens un accès égal aux zones de pêche des autres Etats membres, à condition qu’ils respectent des quotas.
David Shiel affirme que cela permet aux pêcheurs européens rivaux de capturer des quantités de poissons non justifiées dans les eaux britanniques. Après le Brexit, le gouvernement conservateur du Premier ministre Boris Johnson veut légiférer pour évincer les navires étrangers.
« On nous a fait des promesses »
Cependant, un diplomate européen basé à Bruxelles a souligné auprès de l’AFP qu’un accord sur l’accès à la pêche dans les eaux britanniques constituait une condition préalable à la conclusion d’un accord global sur les nouvelles relations commerciales entre le Royaume-Uni et l’UE, qui seront l’objet d’intenses négociations après le Brexit.
De nombreux pêcheurs britanniques craignent d’être sacrifiés au profit de secteurs-clés des services britanniques, le centre financier de Londres en tête. « On nous a fait des promesses et des promesses et à la dernière minute, ils vont nous planter un couteau dans le dos car ils n’ont aucun cran », peste le capitaine en référence aux hommes politiques britanniques. Les bateaux européens capturent environ six fois plus de poissons dans les eaux britanniques que les bateaux britanniques dans les eaux de l’UE.
« Il faut trouver un juste équilibre »
Dans le même temps, 90 % des prises des bateaux britanniques au large de North Shields sont des crevettes destinées à l’exportation – dont environ les deux tiers allant en France, en Espagne et en Italie – selon Andy Dixon, qui gère la branche North Shields à Caley Fisheries.
Et le Royaume-Uni a tendance à importer la plupart des poissons qu’il consomme – y compris le thon, la morue et l’églefin. « Il faut trouver un juste équilibre, pour permettre ces échanges », estime Andy Dixon après avoir mené les enchères quotidiennes du marché aux poissons. « On espère juste qu’on ne sera pas trahi. C’est déjà arrivé ».