Crash en Iran: Une vidéo semble montrer le moment où l'avion aurait été frappé par un missile
ENQUETE•Le Canada, le Royaume-Uni et les Etats-Unis estiment que l'appareil ukrainien a été abattu, sans doute accidentellement, par un missile sol-air iranien
P.B. avec AFP
Un point lumineux qui se déplace à grande vitesse. Une explosion. Un objet en flammes qui change de trajectoire : une vidéo obtenue par un activiste iranien semble montrer le moment où le Boeing 737 Ukraine International Airlines aurait été frappé par ce qui serait, selon le Canada et le Royaume-Uni, un missile sol-air iranien. Le New York Times et le site d’investigation Bellingcat disent avoir confirmé l’authenticité de la vidéo.
Depuis Londres, l’activiste iranien Nariman Gharib a obtenu cette vidéo jeudi d’une source dont il n’a pas précisé l’identité, puis l’a fournie à plusieurs médias. Le New York Times et Bellingcat ont analysé les métadonnées (heure et géolocalisation) et comparé les bâtiments aux alentours avec des images satellites récentes.
Les 10 secondes qui s’écoulent entre le flash de l’impact et le son de la déflagration placent l’objet à un peu plus de trois kilomètres dans une zone qui correspond à la trajectoire du vol enregistrée par le site FlightRadar24. En zoomant, on peut voir que l'appareil n'a pas été détruit. Il a tenté de rejoindre l'aéroport avant de s'écraser, comme le montrent d'autres vidéos publiées mercredi.
Un tir iranien qui pourrait être accidentel
« Nous avons des informations de sources multiples, notamment de nos alliés et de nos propres services » qui « indiquent que l’avion a été abattu par un missile sol-air iranien. Ce n’était peut-être pas intentionnel », a affirmé Justin Trudeau jeudi. Boris Johnson, lui, a indiqué disposer d’un « ensemble d’informations » selon lesquelles l’avion « a été abattu par un missile sol-air iranien », et « cela pourrait bien avoir été accidentel ». Un peu plus tôt, le renseignement américain avait évoqué cette hypothèse avec un « haut niveau de certitude ».
Téhéran, de son côté, a dénoncé des « mises en scène douteuses » de l’Occident, appelant Ottawa à partager ses informations avec la commission d’enquête iranienne. Dans un autre communiqué, le porte-parole du gouvernement, Ali Rabii, indique que la France, en tant que pays du fabricant du moteur de l’appareil (l’industriel Safran), « peut prendre part à l’enquête ».
Téhéran indique aussi être prêt à associer à l’enquête des experts de tous les pays ayant perdu des ressortissants dans la catastrophe. Celle-ci a fait 176 morts, essentiellement des Irano-Canadiens, mais aussi des Afghans, des Britanniques, des Suédois et des Ukrainiens. Le drame est survenu quelques heures après des tirs de missiles iraniens sur des bases irakiennes utilisées par l’armée américaine, en riposte à la frappe qui a éliminé le général Soleimani la semaine dernière.