VOUS TEMOIGNEZDes habitants de l'Australie nous racontent la vie au milieu des incendies

Incendies en Australie : « La foudre est tombée et le sol était tellement sec que tout a brûlé »

VOUS TEMOIGNEZDes habitants de l'Australie racontent à « 20 Minutes » leur quotidien alors que le pays est en proie aux incendies
J.-L. D. et C.A.

J.-L. D. et C.A.

L'essentiel

  • D'immenses incendies dévastent encore l’Australie ce mardi. Depuis septembre, c’est huit millions d’hectares qui ont été brûlés.
  • Une catastrophe avant tout écologique, mais aussi sociale pour les habitants de l’île, qui voient leur quotidien fortement perturbé.
  • 20 Minutes a récolté quelques témoignages d’habitants.

Les incendies spectaculaires continuent de ravager l'Australie. Huit millions d’hectares ont brûlé depuis septembre sur l’île-continent, soit trois fois plus que lors des feux de forêts en Amazonie. Une catastrophe écologique mais aussi sociale pour les résidents, qui voient leur quotidien fortement perturbé.

20 Minutes a récolté les témoignages d’Australiens ou de résidents de l’île qui insistent tous sur l’omniprésence de cette catastrophe dans l'esprit des gens. Même pour Lucas, un Français habitant en Australie depuis cinq ans, et qui n’a pourtant vu aucun feu de forêt de ses yeux.

Un voile de fumée et d’inquiétude

Sa région, au nord de Melbourne, est passée en code rouge il y a trois semaines, et pour ce père de famille, impossible de faire abstraction des incendies : « La radio indiquait toutes les cinq minutes qu’il était trop tard pour partir et que la seule option était de se réfugier quelque part et d’attendre. On ne voyait aucun feu mais on avait ces alertes constantes. Depuis, on est envahi de messages, de notifications, à la radio, sur nos téléphones, dans les conversations. »

Même loin des incendies eux-mêmes, la fumée a envahi le ciel. C’est le cas pour Stéphane qui évoque un « brouillard constat de fumée, une odeur pas très agréable », et un voile d’inquiétude sur Melbourne. Lucas aussi décrit un ciel rouge « comme dans une vision apocalyptique. L'air est irrespirable et il est conseillé de rester chez nous au maximum. »

Une crainte sanitaire

D’autant plus dans le cas de sa famille, avec une femme enceinte et une petite fille de quelques années, « deux populations à risque. » Car les incendies font peser sur les individus une menace constante pour la santé. «L'air irrite la gorge. Il faut éviter de sortir le plus possible mais c'est difficile à cause du travail et des déplacements nécessaires », témoigne Kévin, lui aussi à Melbourne.

Et le risque d’incendie n’est jamais loin : « Avec le vent et la température, on sait qu’un feu peut se déclencher à tout moment et être tout de suite dangereux », s’inquiète Lucas.

Les dangers des flammes

Julie, une Française installée sur Kangaroo Island depuis douze ans, témoigne d’incendies s’étant déroulés le 3 janvier dans sa zone : « Les pompiers ont fait un travail de fou mais le feu avançait à une vitesse folle. Tout a brûlé en une heure et demie. » Cette maman a dû évacuer sa maison à quatre reprises depuis quelques semaines pour se réfugier avec son garçon et son compagnon chez ses beaux-parents.

En Australie, Kangaroo Island a été particulièrement touchée par les violents incendies.
En Australie, Kangaroo Island a été particulièrement touchée par les violents incendies.  - Kayne Davis

Sur l’île, c’est un orage sec qui a déclenché les premiers feux. « La foudre est tombée et le sol est tellement sec que tout a brûlé. Cela fait deux ans qu’on n’a presque pas eu de pluie », explique Julie. Fin décembre, son amie australienne Ruth a préparé ses valises dans lesquelles elle a entassé quelques vêtements et ses souvenirs les plus précieux. « On était prêts à évacuer mais le vent a changé et la situation s’est améliorée », résume-t-elle.

Le deuil des animaux

Dans son esprit comme dans celui de tous les insulaires, ce 3 janvier restera une journée tragique. Deux personnes sont mortes ce jour-là, prisonnières des flammes. « La fumée était plus épaisse, la luminosité était différente. Il faisait très chaud et il y avait du vent. Même les plus anciens n’avaient jamais vu ça », raconte Ruth.

Trente milles koalas ont péri dans les flammes, sans doute autant de kangourous, opossums et autres espèces protégées. Un drame écologique quand on sait que l’île était l’un des seuls endroits d’Australie encore préservé des maladies. « On ne peut même pas envoyer les koalas sur la terre ferme pour les soigner car ils seraient contaminés », ajoute la jeune femme.

Si la situation semble maîtrisée, un nouveau coup de vent est annoncé cette semaine. Et fait déjà trembler les 4.000 habitants de l’île des Kangourous, indique Julie : « Il y a un formidable élan de solidarité chez les habitants. Mais on sent que la peur est palpable aussi. Et la colère aussi. »