Le franc CFA change de nom et devient l’Eco

Le franc CFA change de nom et devient l’Eco

MONNAIEUne réforme prévoit également l’arrêt de la centralisation de 50 % des réserves au Trésor français et le retrait de la France « des instances de gouvernance dans lesquelles elle était présente »
20 Minutes avec AFP

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Le franc CFA appartiendra bientôt au monde d’hier. Huit pays d’Afrique de l’Ouest et la France ont décidé une réforme d’envergure de la monnaie, qui va changer de nom pour s’appeler l’Eco, a annoncé samedi le président ivoirien Alassane Ouattara. « Nous avons décidé une réforme du franc CFA avec trois changements majeurs (…) dont le changement de nom » et « l’arrêt de la centralisation de 50 % des réserves au Trésor français », a déclaré ce dernier au cours d’une conférence de presse au deuxième jour de la visite d’Emmanuel Macron en Côte d’Ivoire. Troisième point de la réforme : la France va se retirer « des instances de gouvernance dans lesquelles elle était présente ».

Cette réforme a été négociée depuis six mois, selon une source française, entre la France et les huit pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo. Elle ne concerne pas pour l’instant les six pays d’Afrique centrale qui utilisent le franc CFA mais qui forment une zone monétaire distincte.

« L’un des vestiges de Françafrique »

Le président français a qualifié de « réforme historique majeure » cette décision. « L’Eco verra le jour en 2020, je m’en félicite », a-t-il déclaré, en estimant que le franc CFA était « perçu comme l’un des vestiges de la Françafrique ». Paris s’était dit « ouvert » à cette évolution après de multiples discussions avec les capitales africaines, tandis que la polémique au sujet de cette monnaie avait de nouveau pris de l’ampleur ces derniers mois. Le symbole est fort : le « franc des colonies françaises d’Afrique » avait été créé en 1945, avant de devenir le « franc de la Communauté financière africaine » au moment des indépendances.

La réforme prévoit que les banques centrales d’Afrique de l’Ouest ne devront plus déposer la moitié de leurs réserves de change auprès de la Banque de France, une obligation qui était aussi perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par les détracteurs du FCFA.

En revanche, la parité fixe avec l’euro est pour l’instant maintenue (1 euro = 655,96 francs CFA). Ce point est appelé à évoluer lorsque la monnaie commune ouest-africaine verra le jour.