Une photo de victimes de torture détournée sur Facebook pour alerter sur la situation des migrants en Libye
FAKE OFF•L’image, extraite d’un documentaire diffusé en 2014, est utilisée pour alerter sur la situation des migrants en Libye. Si l’image ne montre pas des hommes en Libye, les migrants y sont soumis à des traitements inhumains, rappelle l’ONUM.Co.
L'essentiel
- Une image montrant trois hommes amaigris et blessés est partagée sur Facebook pour alerter sur le sort des migrants en Libye.
- L’image est extraite d’un documentaire de 2014 sur la torture que subissent les Erythréens à la frontière israélo-égyptienne.
- Selon l’ONU, des migrants en Libye sont détenus arbitrairement et subissent des violences.
L’image est difficilement soutenable. On y voit trois hommes, amaigris, dont deux portent d’importantes cicatrices au niveau du ventre. Qui sont-ils ? Des « Africains qui fuient la guerre et la famine » et « emprisonnés en terre arabe » avec « leurs organes vendus au plus offrant », comme l'affirment plusieurs publications sur Facebook ? Les auteurs de ces posts précisent que cela « se passe en ce moment en Libye ».
FAKE OFF
Une recherche inversée d’images permet de retrouver l’origine de la photo. Celle-ci est extraite du documentaire Voyage en Barbarie, réalisé par Cécile Allegra et Delphine Deloget.
Ce documentaire, pour lequel les deux journalistes ont reçu le prix Albert Londres, a été diffusé en 2014. Il s’intéresse au trafic d’Erythréens, détenus et torturés dans le Sinaï alors qu’ils fuient leur pays, une dictature brutale. Battus, privés de tout, ils sont détenus près de la frontière entre Israël et l’Egypte. Leurs ravisseurs demandent des rançons exorbitantes à leurs familles pour les délivrer. 12.000 personnes seraient mortes sous la torture, selon les travaux des deux journalistes.
Celles-ci avancent le chiffre d’une vingtaine de camps de torture dans le Sinaï. Ceux-ci s’étendent : une centaine recensés en Libye, au Soudan et au Yémen.
Les migrants de toutes nationalités qui traversent la Libye sont toujours exposés à des violences, comme le rappelle l'ONU. Dans un rapport publié en août, les Nations Unis rappellent que les migrants et les réfugiés sont toujours exposés à des risques de détention arbitraire, de torture, d’enlèvement, de travail forcé et d’assassinat illégal. « Les femmes et filles migrantes continuent d’être particulièrement vulnérables au viol et à d’autres formes de violences sexuelles », écrit l’ONU.
Les Nations Unies ont décompté 4.900 réfugiés et migrants détenus dans des centres de détention tenus par des agences gouvernementales, auxquels s’ajoutent « un nombre indéfini de personnes retenues dans d’autres centres de détentions informels, dans des situations précaires ».
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