Législatives au Royaume-Uni : « C’est une immense victoire pour Boris Johnson »
INTERVIEW•Amanda Sloat, du Centre sur les Etats-Unis et l’Europe au Brookings institute, décrypte à chaud les résultats alors que le parti conservateur a obtenu la majorité absoluePropos recueillis par undefined
C’est une victoire par K.O. de Boris Johnson. Le parti conservateur a obtenu la majorité absolue au Parlement britannique, selon des résultats presque définitifs des législatives. Amanda Sloat, du Centre sur les Etats-Unis et l’Europe au Brookings institute et ancienne du département d’Etat d’Obama, analyse à chaud les conséquences de cette élection sur le Brexit.
Quelle analyse faites-vous des résultats, alors que les conservateurs ont remporté une majorité absolue ?
« C’est une immense victoire pour Boris Johnson. La division gauche-droite au Royaume-Uni a été remplacée par leave/remain (rester ou quitter l’UE). C’est aussi un résultat désastreux pour le Labour, qui met en question le futur de Jeremy Corbyn. Vu l’ampleur de la défaite, il aura du mal à conserver son rôle à la tête du parti [édit: Corbyn vient d’annoncer qu’il ne conduirait plus les travaillistes à de futures élections, sans toutefois démissionner].
Se dirige-t-on vers un Brexit au 31 janvier ?
Avec cette importante majorité parlementaire, Boris Johnson va pouvoir faire adopter l’accord de Brexit. Il avait promis pendant la campagne qu’il soumettrait la législation au Parlement avant les vacances de Noël. Il semble probable que le Royaume-Uni quittera l’Union européenne avant la date limite fixée au 31 janvier.
Un accord commercial avec l’UE d’ici la fin 2020, comme Boris Johnson l’a promis, est-il réaliste ?
Il a exprimé son désir de conclure les négociations sur l’avenir de la relation avec l’UE avant la fin de la période de transition, le 31 décembre 2020. Mais la plupart des analystes estiment que ça sera difficile voire impossible. Même s’il a assuré qu’il ne le ferait pas, il semble probable qu’il sera obligé de demander une extension à l’UE d’ici l’été prochain pour négocier un accord (commercial). Boris Johnson, comme l’Union européenne, préférerait quitter l’UE avec un accord en place. Sinon, le Royaume-Uni se trouvera à nouveau au bord du précipice dans un an.
Va-t-on avoir un nouveau référendum sur l’indépendance de l’Ecosse, avec la performance du Parti national écossais (crédité d’au moins 50 sièges sur 59 dans les projections) ?
C’est une excellente soirée pour le SNP. Le parti réclame depuis longtemps un second référendum sur l’indépendance, et la pression devrait s’intensifier si leur présence majeure se confirme à Westminster. Il y a un point d’interrogation sur la capacité d’une Ecosse indépendante à rejoindre l’UE, même si l’opposition de l’Espagne semble s’être estompée après le Brexit, à condition que l’indépendance (de l’Ecosse) suive un processus constitutionnel.