ETATS-UNISLes actes de Trump passibles de destitution, selon des experts en droit

Procédure « d’impeachment » : Trump a commis des actes passibles de destitution, selon des experts en droit

ETATS-UNISDemocrates et républicains se sont de nouveau opposés violemment mercredi dans un débat hautement politisé
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Trois professeurs de droit ont jugé mercredi que l’enquête en destitution contre Donald Trump était justifiée et même nécessaire pour protéger la démocratie américaine, s’attirant les foudres des élus républicains qui les ont accusés de partialité lors d’une audition fleuve au Congrès. Ces experts, invités par la majorité démocrate de la Chambre des représentants, ont été contredits par un confrère, convié lui par les républicains, qui a jugé les preuves « insuffisantes » pour mettre le président en accusation («impeachment »).

« Si l’on ne peut pas mettre en accusation un président qui utilise son pouvoir à des fins personnelles, nous ne vivons plus dans une démocratie, nous vivons dans une monarchie ou une dictature », a notamment estimé Noah Feldman, professeur de droit à Harvard, devant la commission judiciaire de la Chambre. « Si le Congrès ne le destitue pas, la procédure de destitution aura perdu tout son sens, tout comme les garanties constitutionnelles destinées à empêcher l’installation d’un roi sur le sol américain », a renchéri Michael Gerhardt, de l’université de Caroline du Nord.

« Trump peut appeler son fils Barron, mais ne peut pas en faire un baron »

Pamela Karlan, de l’université Stanford, a elle accusé Donald Trump d’avoir commis « un abus de pouvoir particulièrement grave » en demandant à un pays étranger de l’aider à gagner l’élection. Elle a souligné que la Constitution américaine ne donnait pas au chef de l’exécutif le pouvoir absolu d’un roi. « Donald Trump peut appeler son fils Barron, mais ne peut pas en faire un baron », a-t-elle plaisanté en référence au dernier fils du président.

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Un enfant « doit être tenu à l’écart de la politique », a réagi sur Twitter sa mère Melania Trump. « Pamela Karlan, vous devriez avoir honte de vos courbettes politiques, évidemment partisanes », a-t-elle encore asséné. Faire référence au fils du président, qui n’a que 13 ans, « vous donne l’air méchante », lui a également dit l’élu républicain Matt Gaetz en l’interrogeant sur ses dons aux campagnes de plusieurs candidats démocrates. Pamela Karlan s’est excusée d’avoir cité l’adolescent, sans revenir sur le fond de sa déclaration.

« Tellement plus de rage que de raison »

Voix dissonante dans ce panel d’experts, Jonathan Turley, de l’université George Washington, a déploré le manque de « preuves directes » contre le président et la « précipitation » des démocrates. Dans ce débat, « il y a tellement plus de rage que de raison », a-t-il pointé.

De fait, chaque camp s’est montré virulent mercredi. Donald Trump « représente une menace continue pour la Constitution et notre démocratie », a accusé l’élu démocrate Jerry Nadler en conclusion de près de huit heures d’auditions, retransmises en direct à la télévision. Le républicain Doug Collins a rétorqué que le dossier contre le président était vide. « Il n’y a rien de mal, rien qui ne mérite une mise en accusation », a-t-il lancé en dénonçant un processus « injuste ». « On ne sait même pas quelles sont les prochaines étapes », a-t-il noté. Jerry Nadler, qui préside la commission judiciaire, a laissé entendre que d’autres témoins pourraient être auditionnés prochainement, sans en dire plus.

Donald Trump est dans la tourmente pour avoir demandé à l’Ukraine d’enquêter sur Joe Biden, l’un de ses potentiels rivaux pour la présidentielle de 2020. Les démocrates sont convaincus qu’il a abusé de son pouvoir pour parvenir à ses fins, notamment en gelant une aide militaire destinée à cet allié en conflit avec la Russie. Après deux mois d’enquête et l’audition de 17 témoins, ils ont assuré mardi avoir réuni des « preuves accablantes » pour nourrir leur dossier d’accusation.