Allemagne : Deux duos encore en lice pour prendre la tête du parti social-démocrate
ELECTION•L’avenir de la « grande coalition », avec la CDU d’Angela Merkel, est peut-être en jeu20 Minutes avec AFP
Rester ou pas au sein de la fragile coalition d’Angela Merkel ? Cette question est au cœur de l’élection, samedi, de nouveaux chefs du parti social-démocrate allemand, dont le résultat reste indécis. Déclenchée par le départ de la précédente dirigeante, Andrea Nahles, après des élections européennes catastrophiques, l’élection à la présidence du SPD est particulière à plus d’un titre.
Pour la première fois dans l’histoire de ce parti, créé sous ce nom en 1890, c’est un tandem homme-femme qui sera porté à sa tête, sur le modèle de ce que pratiquent les Verts de longue date. Autre nouveauté : le vote n’est plus réservé au millier de délégués du parti mais ouvert à ses 426.630 militants, qui peuvent voter jusqu’à vendredi en ligne ou par courrier. Le résultat sera annoncé samedi, avant un congrès d’investiture du 6 au 8 décembre à Berlin.
Peu d’enthousiasme
Cette élection n’a toutefois pas à ce stade généré d’enthousiasme particulier au sein d’un parti distancé dans les sondages par la droite conservatrice et les écologistes, et au coude à coude avec l’AfD (extrême droite). Ce second tour oppose le duo Olaf Scholz/Klara Geywitz (22,7 % au 1er tour) à Norbert Walter-Borjans/Saskia Esken (21 %).
Une victoire du premier tandem serait un soulagement pour la chancelière qui compte bien aller au terme de son mandat à l’automnne 2021, avant de se retirer de la politique. Vice-chancelier et ministre des Finances, Olaf Scholz, 61 ans, plaide en effet, avec sa colistière, une élue de terrain d’ex-RDA, pour un maintien du SPD dans la coalition, formée dans la douleur en 2018. Dépourvu de charisme, surnommé « Scholzomat » pour sa propension à aligner des éléments de langage comme un automate, il a l’entière confiance d’Angela Merkel.
Un autre tandem plus à gauche
Si l’autre tandem, moins connu, l’emporte, la partie s’annoncera beaucoup plus compliquée pour la dirigeante allemande, au pouvoir depuis quatrorze ans. Sans se prononcer clairement pour une sortie, Saskia Esken et Norbert Walter-Borjans se montrent très critiques à l’égard de la « Groko », la coalition au pouvoir en Allemagne.
Malgré des mesures récentes en faveur d’une pension de retraite de base, les deux challengers critiquent la politique du « zéro endettement », à laquelle Olaf Scholz reste attaché, ou la timidité de l’actuel gouvernement en matière environnemental. Le duo est d’ailleurs soutenu par les très remuants Jeunes socialistes (Jusos) ainsi que par la branche allemande de Fridays for future, le mouvement pro-climat initié par la Suédoise Greta Thunberg, très suivi en Allemagne.
Quel que soit le résultat de cette élection incertaine, les problèmes du SPD ne seront pas pour autant réglés, tant le parti est « mal en point », selon les termes d’un éditorial au vitriol de l’hebdomadaire Der Spiegel. Le SPD actuel « n’offre aucune orientation politique à long terme sur la manière dont il veut façonner la société de demain (…) sur ce à quoi ressemblera le monde du travail », décrypte Gero Neugebauer, chercheur à l’Université libre de Berlin.