Affaire Khashoggi : Le patron d’Uber parle d’une « erreur » puis s’excuse
TOLLE•Dara Khosrowshahi a osé une comparaison hasardeuse entre un accident de voiture et l’assassinat du journaliste saoudien20 Minutes avec agences
«Une erreur. » C’est ainsi que le patron d’Uber a qualifié l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, dans un entretien accordé à Axios ce dimanche. Face à la polémique suscitée par ses propos, Dara Khosrowshahi s’est finalement excusé.
« Il ne peut y avoir de pardon ou d’oubli de ce qui est arrivé à Jamal Khashoggi et j’ai eu tort d’appeler cela "une erreur", a-t-il tweeté ce lundi matin. J’ai dit quelque chose sur le moment que je ne pense pas. Nos investisseurs connaissent mon point de vue depuis longtemps sur ce point et je suis désolé de n’avoir pas été aussi clair sur Axios ».
L’Arabie saoudite est l’un des plus gros actionnaires d’Uber
L'Arabie saoudite, qui a reconnu sa responsabilité dans ce meurtre, est, à travers son fonds d’investissement souverain, le cinquième actionnaire du numéro un de la location de voitures avec chauffeur. Le gouverneur du fonds, Yasir al-Rumayyan, siège d’ailleurs à son conseil d’administration.
Les déclarations du patron d’Uber ont provoqué un tollé aux Etats-Unis. Jamal Khashoggi collaborait au Washington Post et son assassinat dans des conditions atroces avait suscité des critiques sévères contre le pouvoir saoudien outre-Atlantique, y compris au Congrès.
« Je pense que le gouvernement (saoudien) a dit qu’il avait fait une erreur, a déclaré le dirigeant, avant de se lancer dans une comparaison hasardeuse. C’est une erreur grave, mais nous aussi avons fait des erreurs, dans la conduite automatique (…) et nous nous remettons de cette erreur ». Il faisait ici allusion à un incident dans lequel une voiture autonome d'Uber avait tué accidentellement une piétonne en mars 2018.
Un appel au boycott d’Uber
Interloqué, le journaliste d’Axios a interpellé le PDG sur cette comparaison entre un accident et un assassinat. « Je pense que les gens font des erreurs et cela ne veut pas dire qu’on ne peut jamais leur pardonner. Je pense qu’ils ont pris ça (le pouvoir saoudien) sérieusement », a répondu Dara Khosrowshahi.
« Les Saoudiens sont comme n’importe quel actionnaire. Puisque nous sommes maintenant cotés en Bourse, n’importe qui peut investir. Et ils sont un gros investisseur, comme vous pourriez l’être », a-t-il encore rétorqué au journaliste. L'entrée en bourse d'Uber est un fiasco du point de vue des actionnaires. Introduit à 42 dollars, le titre a terminé lundi à 27,14 dollars.
Karen Attiah, une écrivaine et collègue de Jamal Khashoggi au Washington Post, s’est indignée des propos du patron d’Uber, en rappelant que le journaliste saoudien se déplaçait en Uber quand il s’était volontairement exilé aux Etats-Unis. « Quelle terrible ironie que nous devions envisager le pardon », a lancé Karen Attiah, avant de conclure une série de tweets par le mot-dièse #BoycottUber sur Twitter.