Bolivie: Evo Morales lance un appel au dialogue mais la situation reste très tendue
CONTESTATIONS•Les principales figures de l’opposition ont pour le moment refusé l’offre du président20 Minutes avec AFP
La tension ne retombe pas en Bolivie. Aux mutineries d’unités policières ce week-end, s’est ajoutée l’occupation de médias d’Etat par des manifestants. Une foule hostile au président a occupé samedi à La Paz les sièges de Bolivia TV et Radio Patria Nueva, et a contraint leurs employés à quitter les lieux.
aUne évacuation sous les insultes
« Nous avons été chassés par la force après avoir reçu des menaces de personnes qui s’étaient rassemblées » devant l’immeuble dans lequel se trouvent ces deux médias, a déclaré Ivan Maldonado, le directeur de Radio Patria Nueva. Plusieurs dizaines d’employés ont été vues en train de quitter le bâtiment en se tenant par les mains et sous les insultes de quelque 300 personnes rassemblées sur place. Par la suite, Bolivia TV et Radio Patria Nueva ne diffusaient plus que de la musique.
Dans ce contexte le président Evo Morales a lancé samedi un appel au dialogue « avec les partis qui ont obtenu des sièges au Parlement lors des dernières élections générales, soit quatre partis ». Dans ce discours à la nation, il n’a cependant pas appelé au dialogue les puissants comités de la société civile qui ont lancé le mouvement de protestation contre sa réélection.
Surtout, quelques minutes après cette allocution, Carlos Mesa, ancien président bolivien et principal rival de Evo Morales lors de la dernière élection présidentielle, a rejeté sa proposition. Parmi les autres dirigeants politiques invités au dialogue, Ruben Costas, du parti Bolivia Dijo No, a également refusé. Les deux autres partis concernés sont le Mouvement vers le socialisme (MAS) d'Evo Morales et le Parti démocrate chrétien, une formation d’opposition.
Les mutineries s’étendent
Le président a également condamné l’occupation des médias par des manifestants. « Ils disent défendre la démocratie, mais ils agissent comme en dictature », s’est-il insurgé. En réponse, peu après, une radio du syndicat paysan CSUTCB à La Paz a également été envahie par des manifestants, selon un autre tweet d’Evo Morales qui a condamné « une attaque lâche et sauvage ». « Dans le style des dictatures militaires, les putschistes attaquent des sièges syndicaux », a écrit le président.
Le dialogue semble donc pour le moment difficile, voire impossible, d’autant que les mutineries de policiers de vendredi se sont depuis étendues aux autres régions, à l’exception de celles de La Paz et de Pando, dans le nord. L’opposition ne reconnaît toujours pas la réélection le 20 octobre dernier d'Evo Morales. La vague de contestation qui a éclaté dès le lendemain du scrutin a fait trois morts et 200 blessés.