JE RESTELe président chilien exclut de démissionner mais est ouvert à des réformes

Chili : Le président exclut de démissionner mais se montre ouvert à des réformes

JE RESTELa constitution, issue du régime de Pinochet, pourrait être mise sur la table
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Il reconnaît qu’il est « responsable d’une partie » des « problèmes qui se sont accumulés depuis trente ans » mais exclut de démissionner : en cette troisième semaine de contestation au Chili, le président Piñera s’est dit ouvert à la discussion. « J’irai jusqu’à la fin de mon mandat. J’ai été élu démocratiquement, par une large majorité de Chiliens, j’ai un devoir et un engagement envers mes électeurs et envers tous les Chiliens », a affirmé Sebastian Piñera, interrogé par la BBC.

Dix-huit jours après le début d’une fronde sociale inédite qui a fait vingt morts et mortes dans ce pays considéré jusqu’à récemment comme un des plus stables d’Amérique latine, la mobilisation ne faiblit pas. Des dizaines de milliers de manifestants et manifestantes sont descendus lundi dans les rues, donnant lieu à de violents affrontements avec les forces de l’ordre. Mardi, quelque 2.000 personnes se sont rassemblées sur la plaza Italia, dans la capitale, selon la municipalité de Santiago, où de légers incidents ont été rapportés.

Une constitution issue de la dictature

Après avoir commencé par réprimer la crise sociale, décrétant l’état d’urgence, faisant appel aux militaires et instaurant un couvre-feu, le président s’est dit mardi pour la première fois ouvert au dialogue. Les manifestations quotidiennes ont été émaillées d’échauffourées, de pillages et d’accusations de violences policières. « Nous sommes disposés à discuter de tous les sujets, y compris une réforme de la Constitution », a-t-il déclaré après plusieurs jours sans annonce, un fait inhabituel pour ce dirigeant hyperactif et omniprésent.

Approuvée en 1980 lors d’un référendum polémique sous la dictature, la Constitution a été rédigée pour garantir au régime d’Augusto Pinochet et aux partis conservateurs de conserver leur pouvoir, même une fois la dictature terminée en 1990. Mardi, le président, ancien hommes d’affaires milliardaire, encore impuissant à calmer la colère de son peuple, a annoncé une série de mesures pour les PME affectées par la crise.

79 % des gens pensent que le mouvement aura des conséquences positives

Les 6.800 entreprises concernées par les destructions, pillages et incendies depuis le début de la crise, devront bénéficier d’aides financières, d’assouplissements dans les paiements et de réductions d’impôts. Selon un sondage de l’institut Criteria, 79 % des Chiliens et Chiliennes pensent en revanche que les manifestations « auront des conséquences positives ». Sebastian Piñera, qui a dégringolé dans les sondages et affiche la popularité la plus basse depuis le retour de la démocratie en 1990, a concédé des erreurs et formulé des éléments d’autocritique.

« Nous n’avons pas écouté avec suffisamment d’attention, nous n’avons pas compris clairement le message. Et ceci n’est pas une critique dirigée uniquement envers le gouvernement », a-t-il expliqué, parlant de « problèmes accumulés ces trente dernières années ». « J’assume ma responsabilité, mais je ne suis pas le seul », a-t-il ajouté, précisant qu’il pensait « augmenter les ressources » financières et « améliorer la qualité des politiques sociales ».

La crise sociale a commencé le 18 octobre après l’annonce d’une augmentation du ticket de métro, qui a été depuis annulée sans faire retomber la colère populaire. Révoltés par les inégalités sociales et une élite politique jugée totalement déconnectée du quotidien de la grande majorité des Chiliens et Chiliennes, les manifestants réclament notamment une réforme du système de retraites et une révision de la Constitution, tous deux hérités de la période de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), ainsi que de profondes réformes du modèle économique ultralibéral chilien.