SHOAHUn ancien gardien de camp nazi raconte sa « peine » lors de son procès

Allemagne : Jugé, un ancien gardien de camp nazi confie la « peine » qu’il ressentait pour les prisonniers

SHOAHLe nonagénaire avait 17 ans en 1944, quand il est devenu gardien du camp de Stutthof, en Pologne
20 Minutes avec agences

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Un ancien gardien de camp nazi était jugé ce jeudi pour l’un des derniers procès sur les crimes du IIIe Reich en Allemagne. A l’ouverture de l’audience, Bruno Dey, aujourd’hui âgé de 93 ans, a assuré avoir eu « de la peine » pour les victimes d’atrocités.

« Ce qui s’est passé lui faisait de la peine », a affirmé son avocat Stefan Waterkamp. « Il était conscient que les détenus n’étaient pas là parce qu’ils étaient des criminels mais pour des raisons antisémites, racistes ou autres, il avait pitié d’eux. »

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Un « rouage » de l’extermination

Mais il s’est aussi défendu en affirmant ne pas avoir eu le choix à l’époque. « Il n’est pas entré de plein gré dans la SS à l’époque, il n’a pas choisi d’être envoyé dans un camp de concentration », a ajouté l’avocat. Il n’aurait pas été en mesure à l’époque de « libérer » les prisonniers.

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L’accusation voyait les choses autrement, considérant que l’accusé était un rouage des camps. En tant que gardien, sa tâche consistait à « empêcher la fuite, la révolte ou la libération des prisonniers », selon l’accusation. Pour le procureur, il a « soutenu l’assassinat horrible en particulier des détenus juifs ».

17 ans en 1944

Le nonagénaire est accusé de complicité dans des milliers de meurtres entre août 1944 et avril 1945, au camp de Stutthof (Pologne). Il s’agit du premier camp nazi construit hors d’Allemagne. Environ 65.000 personnes y sont mortes, surtout des femmes juives des pays baltes et de Pologne. Il a été intégré au système d’extermination des Juifs en juin 1944.

La complicité de Bruno Dey, qui avait 17 ans à l’époque, est engagée dans le meurtre de 5230 prisonniers : 5.000 en « créant et maintenant » les conditions d’extermination, 200 par gazage et 30 d’une balle dans la nuque. Le procès doit durer jusqu’à mi-décembre.

Des procès tardifs mais importants

Ces dernières années, l’Allemagne a jugé et condamné plusieurs anciens SS pour complicité de meurtre. Le chef d’accusation de complicité de meurtre a été élargi aux gardiens de camps. Il était avant réservé aux hauts responsables nazis ou aux personnes directement impliquées dans des homicides. Aucun procès n’a abouti à de la prison, en raison de l’état de santé et de l’âge des accusés.

Le cas le plus emblématique a été le procès de John Demjanjuk à Munich. Ancien gardien du camp d’extermination de Sobibor, il a été condamné en 2011 à cinq ans de prison. Il est mort en 2012 avant son procès en appel. 23 affaires du même genre sont encore en cours dans les parquets allemands.