LIBERTE DE LA PRESSELe roi gracie la journaliste marocaine emprisonnée pour avortement illégal

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LIBERTE DE LA PRESSEHajar Raissouni, la reporter de 28 ans arrêtée avec son fiancé et son équipe médicale, avait été condamnée à un an de prison
20 Minutes avec AFP

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La forte mobilisation aussi bien dans le pays qu’à l’international semble donc avoir fait plier le régime marocain. Le roi du Maroc a en effet finalement gracié la journaliste Hajar Raissouni, du quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum, récemment condamnée à un an de prison pour « avortement illégal » et « relations sexuelles hors mariage ». Libérée mercredi, la reporter de 28 ans a considéré que « la grâce royale a corrigé un procès injuste ». La décision de Mohammed VI concerne également le fiancé de la journaliste et son équipe médicale.

Une grâce officiellement motivée par « la compassion »

L’arrestation, fin août, de Hajar Raissouni suivie fin septembre par sa condamnation à un an de prison avait suscité une vague d’indignation et un débat virulent sur l’état des libertés individuelles au Maroc. Officiellement, la grâce a été motivée par « la compassion » et le « souci » du roi Mohammed VI de « préserver l’avenir des deux fiancés qui comptaient fonder une famille conformément aux préceptes religieux et à la loi, malgré l’erreur qu’ils auraient commise », a précisé le ministère de la Justice. Le souverain a pris sa décision « sans entrer dans le débat souverain que les citoyens marocains mènent sur l’évolution de leur société et dans lequel se sont invités, de façon regrettable, certains étrangers, intellectuels, médias et ONG », a précisé une source gouvernementale.

La décision a immédiatement suscité des flots de réactions positives au Maroc et à l’étranger. La nouvelle de la libération s’est ainsi propagée sur les réseaux sociaux alors que le mot d’ordre #freehajar était devenu viral depuis son arrestation. « Enfin une décision sage et joyeuse », a écrit sur Twitter Younes Maskine, le directeur de publication du journal Akhbar Al-Yaoum. « La lutte continue contre les lois draconiennes et sexistes », a lancé la militante féministe Betty Lachgar.

Un procès politique selon l’accusée

Depuis son arrestation, Hajar Raissouni dénonce un procès « politique ». Elle dit depuis le début avoir été traitée pour une hémorragie interne, ce que son gynécologue a confirmé devant la justice. Le jeune couple assurait aussi s’être fiancé dans un cadre religieux, dans l’attente d’un mariage prévu mi-septembre -ensuite contrecarré par leur arrestation. « Je suis innocente…. J’ai subi une grande injustice et terrible agression », a-t-elle répété après sa libération. Mais en même temps, elle trouve « sain et utile » le débat soulevé par son arrestation et espère que « son cas servira de locomotive » pour dépénaliser l’avortement, les relations hors mariage, de l’homosexualité et la rupture du jeûne en public, actuellement passible de prison dans le code pénal marocain.

Un collectif auteur d’un manifeste de « hors-la-loi » signé par plus de 10.000 personnes a demandé cette semaine au parquet marocain de suspendre l’application de « lois liberticides » punissant de prison le sexe hors mariage, l’adultère et l’avortement. Démarche sans précédent au Maroc, les signataires du manifeste proclament avoir déjà violé les lois « obsolètes » de leur pays sur les mœurs et l’avortement.

Une réforme du code pénal en cours

Alors que le Parlement discute un projet de réforme du code pénal, plusieurs ONG de défense des droits humains ont appelé les législateurs à assouplir le code pénal en phase avec l’évolution de la société. Mais, le texte en cours de débat ne change rien sur les « crimes » visés, à part un léger assouplissement pour l’avortement en cas de viol, d’inceste et de malformation du fœtus, selon les informations concordantes obtenues auprès de différentes sources judiciaires et parlementaires.