VIDEO. Les démocrates prêts à se lancer sur l’impeachment, Trump va déclassifier sa conversation avec le président ukrainien
ETATS-UNIS•La retranscription de l'appel téléphonique controversé devrait être publiée mercredi alors que les démocrates se rangent en ordre de bataille pour lancer une enquête officielleP.B. avec AFP
L'essentiel
- Donald Trump, qui est accusé d’avoir demandé au président ukrainien d’enquêter sur le fils de Joe Biden, va déclassifier sa conversation.
- La cheffe des démocrates Nancy Pelosi, elle, devrait annoncer dans la soirée l’ouverture d’une enquête officielle en vue d’un éventuel impeachment.
- Il s’agit toutefois d’une étape préliminaire et Donald Trump, fort de la majorité républicaine au Sénat, n’est pas vraiment menacé par une destitution.
Donald Trump a-t-il fait pression sur le président ukrainien pour qu’il enquête sur le fils de Joe Biden en vue de l’élection de 2020 ? Pire, a-t-il utilisé l’aide américaine comme monnaie d’échange ? On devrait être fixé ce mercredi : le locataire de la Maison Blanche a indiqué mardi qu’il avait autorisé la publication de sa conversation avec Volodymyr Zelensky. Les démocrates, eux, se rangent en ordre de bataille sur l’impeachment : leur leader au Congrès, Nancy Pelosi, devrait annoncer dans la soirée l’ouverture d’une enquête formelle – une première étape en vue d’un éventuel vote à la Chambre.
« Je suis actuellement aux Nations unies où je représente notre pays, mais j’ai autorisé la publication demain (mercredi) de la transcription complète et déclassifiée de ma conversation téléphonique avec le président ukrainien. Vous verrez que c’était un appel très amical et pas du tout déplacé. Aucune pression, contrairement à Joe Biden et son fils, PAS de quid pro quo (échange de bons procédés) », a tweeté Donald Trump depuis New York.
aaJoe Biden et Nancy Pelosi favorables à une enquête d’impeachment
Directement concerné par cette affaire, le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden s’apprête à rejoindre le nombre grandissant de démocrates qui appellent à lancer la destitution de Donald Trump, si ce dernier refuse de coopérer avec les enquêtes du Congrès. Dans une déclaration mardi, l’ancien vice-président de Barack Obama et favori de la primaire démocrate « va appeler Trump à coopérer avec toutes les demandes légales d’informations qui sont en suspens, sur la question ukrainienne et les autres enquêtes », a indiqué à l’AFP son équipe de campagne. « Et si Trump ne s’y plie pas, le Congrès n’aura pas d’autre choix que de lancer la procédure d’impeachment ».
Alors qu’elle a jusqu’à présent freiné des quatre fers sur l’impeachment après le rapport Mueller, Nancy Pelosi devrait, selon le Washington Post, annoncé officiellement le coup d’envoi d’une enquête officielle d’impeachment. Il s’agit toutefois a priori d’une enquête préliminaire qui pourrait, en fonction de ses résultats, être suivie d’un vote à la Chambre.
Un appel téléphonique signalé par un lanceur d’alerte
Le 9 septembre, l’inspecteur général des services de renseignement a informé le Congrès qu’il avait été saisi un mois plus tôt d’un problème « urgent » par un lanceur d’alerte « crédible », lui-même membre de la communauté du renseignement. Mais l’administration de Donald Trump a refusé de transmettre aux parlementaires le contenu de ce signalement.
Les médias américains ont alors enquêté sur ce mystérieux lanceur d’alerte. Selon eux, il s’était inquiété, entre autres, du contenu d’une conversation téléphonique entre Donald Trump et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, survenue le 25 juillet. Acculé par de nombreuses fuites, le président américain a reconnu dimanche avoir évoqué lors de cet entretien le favori de la primaire démocrate pour la présidentielle de 2020, Joe Biden, et son fils Hunter.
Une aide militaire gelée
Or, quelques jours avant cet échange, Donald Trump avait ordonné le gel de près de 400 millions de dollars d’aide militaire à l’Ukraine. L’opposition démocrate le soupçonne d’avoir utilisé ces fonds pour pousser Zelensky à lancer une enquête pour corruption sur Hunter Biden, qui a fait du lobbying en Ukraine, afin de salir son père. « Je n’ai mis aucune pression sur » l’Ukraine, a rétorqué Donald Trump, qui assure avoir bloqué cette aide pour inciter d’autres pays occidentaux à contribuer au budget militaire de l’Ukraine.
Si les démocrates serrent les rangs, ils peuvent en théorie voter l’impeachment à la Chambre, qui est une mise en accusation. Un procès s’ouvrirait alors au Sénat, où une destitution doit être votée à la majorité des deux tiers (67 voix sur 100). Même si Mitt Romney s’est dit « extrêmement troublé » par les fuites sur le coup de téléphone, il faudrait que Donald Trump soit lâché par 20 sénateurs républicains, un scénario très improbable à un peu plus d’un an de la présidentielle de 2020. Sauf surprise, ce sont bien les électeurs américains qui devraient jouer les arbitres.