Séoul va cesser ses partages de renseignements militaires avec Tokyo

Séoul rompt un accord de partage de renseignements militaires avec Tokyo

TENSIONSLa Corée du Sud met fin au pacte GSOMIA, une situation qui déçoit et inquiète Washington
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

La Corée du Sud a annoncé jeudi qu’elle allait rompre un accord de partage de renseignements militaires sensibles existant avec le Japon depuis novembre 2016. Cette décision a suscité des protestations de Tokyo et Washington sur fond de tensions diplomatiques et commerciales entre les voisins asiatiques. « Nous avons décidé qu’il n’était pas dans l’intérêt national de maintenir l’accord », a annoncé Kim You-geun, le directeur-adjoint du bureau de la sécurité nationale de la Maison bleue, le siège de la présidence sud-coréenne, en référence à un pacte connu sous le nom de GSOMIA.

Une erreur, selon le Japon

Le ministre japonais des Affaires étrangères a qualifié ce geste d'« extrêmement regrettable ». « Je dois dire que la décision de mettre fin à ce pacte par le gouvernement sud-coréen est une totale erreur de jugement de la situation de la sécurité régionale », a ainsi estimé Taro Kono. « Nous ne pouvons accepter les affirmations de la partie sud-coréenne et nous allons protester vivement auprès du gouvernement de Corée du Sud », a-t-il ajouté. De son côté, le Pentagone s’est dit « très inquiet et déçu » par la décision de la Corée du Sud, tandis que le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a de son côté appelé les deux pays à « maintenir le dialogue ». « Il est certain que les intérêts communs du Japon et de la Corée du Sud sont importants, notamment pour les Etats-Unis », a-t-il poursuivi. « Nous espérons que ces deux pays vont pouvoir remettre leur relation là où elle doit être ».

Un contentieux datant de près de 75 ans

Les échanges entre Tokyo et Séoul sont plombés depuis des décennies par des contentieux hérités de l’époque où la péninsule était une colonie nippone (1910-1945). Et ce conflit latent est un casse-tête pour Washington, qui compte énormément sur la coopération entre le Japon et la Corée du Sud pour appuyer sa politique dans une région particulièrement tendue du fait de la menace nucléaire nord-coréenne et de la montée en puissance de la Chine.

La brouille entre Tokyo et Séoul a connu une nette aggravation ces dernières semaines, après que des tribunaux sud-coréens eurent exigé d’entreprises japonaises qu’elles dédommagent des Sud-Coréens qui avaient été forcés de travailler dans leurs usines durant l’occupation japonaise jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Tokyo a riposté le 2 août en décidant de rayer la Corée du Sud d’une liste d’Etats bénéficiant d’un traitement de faveur, mesure perçue comme une sanction par Séoul qui a répliqué aussitôt avec une radiation similaire. C’était donc hier la fin de la réponse des Coréens.