Primaire démocrate: Le débat tourne à la guerre civile, Joe Biden et Kamala Harris attaqués de toutes parts
ETATS-UNIS•Les candidats se sont rendus coup pour coup, et le sénateur Cory Booker en a profité pour sortir du lotL'essentiel
- La seconde partie du débat de la primaire démocrate organisé par CNN s’est déroulée à Detroit, mercredi soir.
- Le duel entre Joe Biden et Kamala Harris a tourné à la bagarre générale.
- Le sénateur Cory Booker a averti que ces divisions faisaient le jeu de Donald Trump.
Il y a eu du sport sur la scène de Detroit. Alors que les modérés et les progressistes s’étaient poliment affrontés la veille, la seconde soirée du débat de la primaire démocrate organisé par CNN a tourné au règlement de comptes, mercredi.
Un mois après un premier round sanglant, Joe Biden et Kamala Harris ont remis ça, mais l’ancien vice-président et la sénatrice de Californie ont également été pris pour cibles par les autres candidats, parfois avec des attaques en dessous de la ceinture. « La personne qui doit le plus apprécier le débat en ce moment, ça doit être Donald Trump », a alerté le sénateur Cory Booker, qui en a profité pour sortir du lot, tout comme l’entrepreneur Andrew Yang, qui milite pour un revenu universel.
Le duel Biden-Harris tourne à la mêlée générale
Après avoir été mis K.O. par Kamala Harris lors de la première confrontation, Joe Biden était mieux préparé. C’est même lui qui a dégainé le premier dès l’ouverture en critiquant la position ambiguë de son adversaire sur un système public d’assurance maladie : « Soyons francs, vous ne pourrez pas battre Donald Trump avec un double discours sur ce plan », a attaqué le favori de la primaire. « Si ces ségrégationnistes avec qui vous collaboriez s’étaient imposés, je ne serai pas sénatrice aujourd’hui », a riposté un peu plus tard Harris, en écho aux positions passées de Joe Biden contre la déségrégation dans les écoles.
Quatrième des sondages et boostée par le premier débat, Kamala Harris a logiquement été prise pour cible. Ce n’est pas Joe Biden mais l’élue méconnue d’Hawaï Tulsi Gabbard qui a lancé une grenade en s’attaquant à son bilan de procureure générale de Californie : « Elle a mis 1.500 personnes en prison pour possession de marijuana. Elle a dissimulé des preuves qui auraient permis à un homme innocent de sortir du couloir de la mort. Elle a gardé des gens en prison après la fin de leur peine comme main-d’œuvre bon marché pour l’Etat californien. »
Celle qui espère devenir la première présidente des Etats-Unis s’est dite « fière » de son bilan, mais ce n’est pas la première fois – ni la dernière – que son passé de procureure tough on crime («intraitable avec le crime ») est critiqué par des progressistes. Joe Biden, lui, a également été visé par la sénatrice Kirsten Gillibrand à propos d’une vieille tribune critiquant certaines mères décidant de travailler plutôt que de rester au foyer. Mais l’attaque s’est retournée contre elle. Joe Biden a rappelé que son épouse était décédée dans un accident. « Après sa mort, j’ai élevé trois enfants seul pendant cinq ans. Je sais à quel point c’est difficile. » Echec et mat.
Cory Booker et Andrew Yang en profitent
On savait que le sénateur du New Jersey était un orateur charismatique mais il n’avait pour l’instant pas trouvé son rythme, plafonnant à 2 % dans les sondages. Mercredi, il s’est positionné au-dessus de la mêlée, appelant ses camarades à « arrêter de reprendre des arguments républicains », notamment sur les divisions sur la réforme de la santé et sur l’immigration, insistant : « La personne qui doit le plus apprécier le débat en ce moment, ça doit être Donald Trump. » Attaqué par Joe Biden, il a fait mouche avec sa punchline : « Franchement, je suis surpris que vous vouliez comparer nos bilans [sur la réforme de la justice] mais allons-y. »
S’il cartonne sur le Web et génère de nombreux mèmes, l’entrepreneur Andrew Yang avait, lui, eu du mal à exister lors du premier débat. Il a cette fois réussi à répondre à toutes les questions en insérant sa proposition phare d’un revenu universel de 1.000 dollars mensuels pour tous les Américains, une mesure qu’il compte financer avec une taxe sur les entreprises technologiques qui détruisent des emplois.
Sa tirade finale a été particulièrement applaudie : « Au lieu de parler de l’automatisaton et de notre futur, on est là, avec nos visages maquillés et nos attaques préparées, à jouer un rôle de cette émission de téléréalité. C’est notamment pour ça qu’on a élu une star de téléréalité président. » Yang, comme Marianne Williamson la veille, n’a aucune chance de gagner. Mais le buzz autour de leur performance leur permettra peut-être d’atteindre le seuil des 2 % dans les sondages afin de se qualifier pour le prochain débat de septembre. On remet ça dans un mois.