Le chef de la diplomatie iranienne trolle Washington après de nouvelles sanctions
PUNCHLINE•Après l'ayatollah Ali Khamenei, les Etats-Unis s'en prennent à Mohammad Javad Zarif20 Minutes avec AFP
«Merci de me considérer comme une telle menace. » Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a manié l’ironie sur Twitter, mercredi, après l’annonce de sanctions de Washington le visant. « La raison invoquée par les Etats-Unis pour me sanctionner, c’est que je suis le principal porte-parole de l’Iran dans le monde. La vérité fait si mal que ça ? »
Les Etats-Unis ont en effet décidé d’imposer des sanctions au ministre des Affaires étrangères, accentuant encore leur campagne de « pression maximale » sur le régime iranien qu’ils accusent de déstabiliser le Moyen-Orient.
« Zarif est le visage du régime qui répand à l’étranger la propagande et les campagnes de désinformation favorables au programme nucléaire de Téhéran, à ses missiles balistiques et à ses réseaux terroristes », a déclaré un haut responsable de l’administration ayant requis l’anonymat.
« Trump a décidé que ça suffit »
Ces sanctions contre Zarif ne sont pas une surprise : en annonçant fin juin imposer des sanctions « dures » au Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, le président Donald Trump avait prévenu que le ministre iranien des affaires étrangères subirait « bientôt » le même sort.
Le diplomate est au coeur de négociations internationales complexes sur le programme nucléaire iranien, que Téhéran assure pacifique mais que les Etats-Unis et Israël soupçonnent de cacher le développement de l’arme nucléaire.
Le responsable de l’administration a souligné que l’image de modéré de Zarif, aidée par son anglais courant, son humour et ses études aux Etats-Unis, ne reflétait pas la réalité. « Cela fait bien trop longtemps qu’on lui permet de se faire passer pour un représentant raisonnable et crédible de l’Iran. Aujourd’hui, le président Trump a décidé que ça suffit », a-t-il ajouté.
Pas d’impact sur ses voyages à l’ONU
Les sanctions prévoient le gel de tous les actifs que Zarif posséderait aux Etats-Unis et interdit toute transaction avec lui, a précisé le Trésor américain dans un communiqué. Washington cherchera aussi à empêcher les voyages de M. Zarif à l’étranger, même si l’administration américaine ne l’empêchera pas de participer aux activités de l’ONU à New York.
Des voix se sont élevées aux Etats-Unis contre cette décision qui paraît fermer la porte au dialogue avec Téhéran. « Le fait de sanctionner des diplomates affaiblit la diplomatie », a ainsi tweeté le sénateur républicain Rand Paul, qui avait tenté d’entamer une médiation avec l’Iran.
La Maison Blanche a insisté sur le fait qu’elle est toujours prête à discuter, mais pas avec le ministre. Les diplomates américains « ne le considèrent pas comme notre principal contact », a indiqué le responsable de l’administration. « Si nous devons avoir un contact avec les Iraniens, nous voulons quelqu’un qui prenne des décisions ».