Brexit: Johnson promet de ne «jamais» rétablir de contrôles physiques à la frontière irlandaise
BREXIT•Après le Brexit, les 500 kilomètres qui séparent l'Irlande du Nord de la République d'Irlande vont devenir la seule frontière terrestre entre l'UE et le Royaume-Uni20 Minutes avec AFP
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a affirmé mardi à son homologue irlandais Leo Varadkar que son gouvernement était déterminé à ne «jamais» rétablir de contrôles physiques à la frontière irlandaise après le Brexit, a annoncé Downing Street dans un communiqué.
Le nouveau dirigeant doit rencontrer mercredi les chefs des principaux partis politiques d'Irlande du Nord, où il tentera d'apaiser les inquiétudes sur le sort de cette frontière en cas de sortie sans accord. Après le Brexit, les 500 kilomètres qui séparent l'Irlande du Nord (province britannique) de la République d'Irlande (membre de l'Union européenne) vont devenir la seule frontière terrestre entre l'UE et le Royaume-Uni. Les craintes, des deux côtés, portent sur le retour d'une frontière physique.
Points de crispation avec le DUP, allié indispensable des conservateurs
Mardi, Boris Johnson a téléphoné à son homologue irlandais, Leo Varadkar pour lui assurer que son gouvernement ne mettrait «jamais» de contrôles physiques entre les deux Irlande, même en cas de Brexit sans accord et donc même sans le «filet de sécurité» irlandais prévu dans l'Accord de retrait conclu entre l'ancienne Première ministre Theresa May et Bruxelles.
Ce mécanisme de dernier recours, destiné justement à éviter le retour d'une frontière physique, crée un «territoire douanier unique» englobant l'UE et le Royaume-Uni, au sein duquel il n'y aurait aucun quota ni droits de douane pour les biens industriels et agricoles. L'Irlande du Nord resterait en outre alignée sur un nombre limité de règles du marché unique européen, par exemple les normes sanitaires pour les contrôles vétérinaires.
Mais il est l'un des points de crispation majeurs sur le Brexit, en particulier pour le petit parti unioniste nord-irlandais DUP, allié indispensable des conservateurs au Parlement. Ce dernier refuse un traitement différent de l'Irlande du Nord par rapport au reste du Royaume-Uni, qui pourrait selon lui ouvrir la voie à une réunification de l'Irlande, son cauchemar.
Risque d'une résurgence des violences en Irlande du Nord
Pour Boris Johnson, «le backstop est mort». Il veut renégocier un accord de sortie sans cette disposition, ce que l'UE exclut. S'il échoue, il a affirmé que son pays quitterait l'UE le 31 octobre, accord ou pas. Mais Leo Varadkar lui a signifié mardi que le backstop était «nécessaire», même si des «arrangements alternatifs» pourraient être envisagés à l'avenir, une fois leur efficacité démontrée. «Nous pouvons le faire, nous avons toutes sortes de solutions technologiques pour le faire», a assuré Boris Johnson sur la BBC. «C'est à l'UE de voir», a-t-il insisté.
Le risque d'une résurgence des violences en Irlande du Nord plane aussi sur la visite de Boris Johnson. «La frontière a été le point de convergence de nombreuses violences pendant la période des Troubles», déclarait en avril à l'AFP Gemma Clark, professeure d'histoire à l'université d'Exeter. «C'est un symbole de ce que les Républicains détestent, la partition de l'Irlande».
Les «Troubles» ont opposé républicains nationalistes (catholiques), partisans de la réunification de l'Irlande, et loyalistes unionistes (protestants), défenseurs du maintien dans la Couronne britannique. Ils ont fait quelque 3.500 morts avant de prendre fin avec l'accord du Vendredi saint de 1998.