DIPLOMATIEWashington affirme avoir abattu un drone iranien dans le détroit d'Ormuz

Détroit d’Ormuz: Les Etats-Unis affirment avoir abattu un drone iranien proche d'un navire américain

DIPLOMATIEL'Iran indique ne pas avoir d'information sur la perte de l'un de ses appareils
L'Iran assure avoir abattu un drone américain de surveillance Global Hawk (Illustration)
L'Iran assure avoir abattu un drone américain de surveillance Global Hawk (Illustration) - kyodowc111993.JPG k/NEWSCOM/SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L'essentiel

  • Donald Trump a annoncé ce jeudi soir que les Etats-Unis avaient abattu un drone iranien s'étant approché d'un navire américain dans le détroit d'Ormuz. L'Iran a pour sa part affirmé n'avoir « aucune information sur la perte d'un drone ».
  • Il s'agit du dernier épisode en date des tensions entre les Etats-Unis et l'Iran dans le détroit d'Ormuz où, le 20 juin dernier, l'Iran avait abattu un drone américain.

Les Etats-Unis ont abattu jeudi un drone iranien qui s'était approché d'un navire américain dans le détroit d'Ormuz, dernier incident en date dans une région sous haute tension depuis plus de deux mois.

C'est le président américain Donald Trump lui-même qui a annoncé que les Etats-Unis avaient abattu cet appareil iranien qui s'était approché dangereusement d'un navire américain, après avoir ignoré de multiples appels à s'éloigner.

Selon lui, le drone iranien s'est approché à moins de 1.000 mètres du navire amphibie USS Boxer, qui a entrepris « une action défensive ». « Le drone a été détruit immédiatement », a-t-il dit.

« I want to apprise everyone of an incident in the Strait of Hormuz today, involving #USSBoxer, a U.S. Navy amphibious assault ship. The BOXER took defensive action against an Iranian drone.... pic.twitter.com/Zql6nAUGxF — Donald J. Trump (@realDonaldTrump) July 18, 2019 »

« Aucune information sur la perte d'un drone », selon l’Iran

Interrogé peu après lors de son arrivée au siège de l'ONU à New York, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a affirmé n'avoir « aucune information sur la perte d'un drone ».

Donald Trump a relevé que l'approche de ce drone était « la dernière des nombreuses actions provocatrices et hostiles de l'Iran contre des navires opérant dans les eaux internationales ».

« Les Etats-Unis se réservent le droit de défendre leur personnel, leurs équipements et leurs intérêts et appellent toutes les nations à condamner les tentatives de l'Iran pour perturber la liberté de navigation et le commerce international », a-t-il poursuivi. « J'appelle aussi les autres pays à protéger leurs navires qui franchissent le détroit et à coopérer avec nous à l'avenir. »

Bataille de drones

Un porte-parole du Pentagone Jonathan Hoffman a précisé que l'incident était survenu à 10h locale (5h30 GMT), alors que l'USS Boxer s'apprêtait à pénétrer dans le détroit d'Ormuz.

L'Iran a abattu le 20 juin un drone américain qui se trouvait, selon Téhéran, dans son espace aérien.

Donald Trump a affirmé deux jours plus tard avoir annulé à la dernière minute des frappes contre l'Iran pour éviter un lourd bilan humain, tout en maintenant ses menaces de représailles contre Téhéran.

Bras de fer entre l’Iran et les Etats-Unis

La région du Golfe et du détroit d'Ormuz, par où transite le tiers du pétrole acheminé par voie maritime sur la planète, se retrouve au coeur de vives tensions géopolitiques, sur fond de bras de fer entre l'Iran et les Etats-Unis.

Alors que Washington cherche à former une coalition internationale pour escorter les navires de commerce dans le Golfe, le chef du commandement central américain Kenneth McKenzie s'est engagé jeudi à agir « énergiquement » pour assurer la sécurité du transport maritime dans le Golfe, lors d'une visite sur une base aérienne en Arabie saoudite, pays rival de l'Iran dans la région.

Accusations croisées

Quelques heures avant ce nouvel incident, les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique d'Iran, ont annoncé avoir arraisonné le 14 juillet dans le détroit d'Ormuz « un tanker étranger » et son équipage soupçonnés de se livrer à de la « contrebande » de carburant.

Le guide suprême iranien Ali Khamenei avait annoncé deux jours auparavant que son pays répondrait « au moment et à l'endroit opportuns » à l'interception le 4 juillet d'un pétrolier iranien par les autorités britanniques, au large de Gibraltar.

Les Etats-Unis ont renforcé leur présence militaire dans la région, accusant l'Iran d'être derrière des actes de sabotage ayant visé quatre navires autour du détroit d'Ormuz en mai et deux attaques d'origine inconnue ayant visé en juin deux pétroliers - un japonais et un norvégien - au large des côtes iraniennes en mer d'Oman.

Téhéran rejette ces accusations

Après être sorti de l'accord international sur le nucléaire conclu en 2015, Washington a rétabli des sanctions qui ont fait plonger l'Iran en récession et lui font perdre les acheteurs de son pétrole.

Depuis mai, l'Iran a commencé à s'affranchir de certains de ses engagements pour, dit-il, forcer ses partenaires à prendre des mesures garantissant ses intérêts et permettant de préserver l'accord. Berlin et Paris ont appelé séparément Téhéran à respecter pleinement ses engagements.

Efforts internationaux pour sauver l'accord

Le président iranien Hassan Rohani a appelé jeudi l'Europe à « intensifier ses efforts » pour sauver l'accord, lors d'un entretien téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron. Et les présidents français et russe sont convenus, lors d'une autre conversation téléphonique, de « consolider les efforts » pour maintenir en vie l'accord nucléaire.

Mais, signe que les Etats-Unis ne semblent pas près de relâcher la pression sur l'Iran, ils ont annoncé des sanctions contre quatre Irakiens, dont deux dirigeants de milices que le vice-président Mike Pence a accusé d'être liées à l'Iran.

La porte ouverte des deux côtés aux négociations

Pourtant, les deux parties semblent ouvertes à d'éventuelles négociations. Selon le Guardian, le chef de la diplomatie iranienne Javad Zarif, qui se trouvait jeudi à New York pour des réunions à l'ONU, a proposé des inspections immédiates et plus complètes du programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions par Washington.

Donald Trump a suggéré pour sa part que la pression américaine sur l'Iran pourrait conduire à l'ouverture de négociations. « Tout ce que nous voulons, c'est un accord juste. L'accord qui avait été conclu était mauvais », a déclaré le président américain à la presse. « On peut faire quelque chose très vite, ou on peut prendre notre temps. Je ne suis pas pressé. »