Etats-Unis: Trump dit à des élues démocrates du Congrès de «retourner» d'où elles viennent
ETATS-UNIS•Des responsables du parti ont dénoncé une attaque « raciste » et xénophobe20 Minutes avec AFP
Le président américain, Donald Trump, a appelé dimanche matin des femmes parlementaires démocrates à « retourner » d’où elles venaient, s’attirant de vives critiques de responsables de ce parti qui l’ont qualifié de « raciste » et xénophobe.
« Tellement intéressant de voir les élues «progressistes» démocrates du Congrès (…) désormais dire haut et fort et de manière perfide à la population des Etats-Unis, la plus grande et la plus puissante nation de la Terre, comment notre gouvernement doit être dirigé », a tweeté le président, estimant que ces élues étaient « originaires de pays dont les gouvernements sont dans une situation totalement catastrophique, les pires, plus corrompus et ineptes au monde (si même ils possèdent un gouvernement qui fonctionne) ».
aa« Pourquoi ne retournent-elles pas dans ces endroits totalement défaillants et infestés par la criminalité dont elles viennent pour aider à les réparer », a poursuivi le milliardaire républicain, sans donner de nom. Il faisait très vraisemblablement référence à de jeunes élues du Congrès comme Alexandria Ocasio-Cortez de New York, Ilhan Omar du Minnesota, Ayanna Pressley du Massachusetts ou encore Rashida Tlaib du Michigan.
Et d’ajouter : « Et ensuite elles reviennent et nous montrent comment il faut faire. » « Ces endroits ont vraiment besoin de votre aide, il faut y aller vite. Je suis sûr que Nancy Pelosi sera très contente de trouver rapidement des voyages gratuits », a-t-il relevé.
« Commentaires xénophobes destinés à diviser notre nation »
La démocrate Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, a justement été l’une des premières à réagir à cette série de longs tweets. « Je rejette les commentaires xénophobes de@realDonaldTrump qui sont destinés à diviser notre nation », a-t-elle tweeté, dénonçant une « attaque » de la part du président.
« C’est un tweet raciste », a affirmé le démocrate Ben Ray Lujan, l’un des plus hauts responsables hispaniques du Congrès. « Il s’agit de citoyennes américaines élues par les électeurs des Etats-Unis d’Amérique ».
Alexandria Ocasio-Cortez, née à New York, a des origines de Porto Rico qui est un territoire américain. Ilhan Omar est arrivée aux Etats-Unis en tant que réfugiée de Somalie lorsqu’elle était mineure. Et Rashida Tlaib est la première Américaine d’origine palestinienne à siéger au Congrès.
« Attaque antiaméricaine »
« M. le président, le pays dont je «viens» (…) est les Etats-Unis », a tweeté Alexandria Ocasio-Cortez. « En tant que membres du Congrès, le seul pays pour lequel nous prêtons serment est les Etats-Unis », a enchéri Ilhan Omar.
« Je lutte contre la corruption dans NOTRE pays », a insisté de son côté Rashida Tlaib, accusant Donald Trump d’attaquer de façon « dégradante » les populations issues de l’immigration. « C’est à CELA que ressemble le racisme. NOUS sommes ce à quoi ressemble la démocratie », a renchéri Ayanna Pressley sur Twitter.
Plusieurs candidats à l’investiture démocrate dans la course à la Maison-Blanche ont également critiqué le président américain. « Le racisme et la xénophobie n’ont pas leur place en Amérique », a tweeté l’ancien vice-président Joe Biden. La sénatrice Elisabeth Warren a condamné « une attaque raciste et xénophobe » et la sénatrice Kamala Harris a tweeté : « nommons l’attaque raciste du président exactement par ce qu’elle est : antiaméricaine ».
Un tweet «totalement déplacé», «à connotation raciste»
Rompant avec le silence des élus républicains, la sénatrice du Maine Susan Collins a appelé le président milliardaire à revenir sur ses propos. «Le tweet du président où il disait que des élues du Congrès devraient retourner 'd'où elles viennent' était totalement déplacé et devrait être retiré», a-t-elle déclaré.
Peu après, le sénateur noir républicain de Caroline du Sud Tim Scott lui a emboité le pas, dénonçant des propos à «connotation raciste (...) inacceptables».
Ce n’est pas la première fois que le président fait des commentaires controversés en la matière. Selon des propos rapportés début 2018, il a qualifié de « pays de merde » plusieurs nations notamment d’Afrique. Il évoque aussi régulièrement ce qu’il appelle une « invasion » d’immigrés clandestins.