Ils font l'Amérique: «Assez d'avoir honte de mon pays»
USA 2008•A l'occasion de l'élection présidentielle, 20minutes.fr dessine le portrait des Etats-Unis au travers de ses habitants. Aujourd'hui, Kristin Kühn une jeune Californienne qui votera pour la première fois...Propos recueillis par Philippe Berry, à Los Angeles
De notre correspondant à Los Angeles usa2008
A l'occasion de l'élection présidentielle, 20minutes.fr dessine le portrait des Etats-Unis au travers de ses habitants. Aujourd’hui, Kristin Kühn, une jeune Californienne qui votera pour la première fois…
Interview réalisée le 15 septembre 2008.
Kristin Kühn a grandi dans les grands espaces du Montana. Mais à 21 ans, elle termine sa licence «sciences politiques et relations internationales» à l’université de Californie de San Diego. Elle va participer à une élection présidentielle pour la première fois. «Démocrate, évidemment.»
C’était comment de grandir dans le Montana?
C’était… isolé. Il n’y avait pas grand-chose à faire. Jusqu’au collège, je n’allais pas à l’école, mais j’étudiais à la maison. C’était une manière pour ma mère de me protéger d’un extérieur tellement conservateur et religieux, où presque tout le monde a un fusil et une bible chez lui. J’étais tellement contente de partir pour la Californie à 18 ans. Mais bizarrement, le Montana me manque, maintenant. Les grands espaces, faire du cheval, l’impression d’appartenir à une communauté. J’y retournerai sûrement.
Vous aviez 13 ans quand Bush a été élu. Quels souvenirs? Quel bilan de ces huit ans?
Je me souviens d’avoir entendu ma mère dire: «Si Bush gagne, je m’exile au Canada.» Mon père m’a dit plus tard qu’il avait voté pour lui, parce qu’il était d’accord avec sa politique fiscale –enfin celle de son programme. Il n’a pas recommencé en 2004. Pour moi, avec mes yeux d’adolescentes, c’était surtout un conservateur assez vieux. Avec le recul, ces huit ans ont été remplis de déceptions, sur l’Irak, sur l’économie. Je suis passée d’une enfance où j’avais naïvement l’impression d’habiter dans le meilleur pays de la Terre à un sentiment d’une certaine honte d’être américaine.
Vous avez étudié six mois en Egypte. Qu’est-ce que cela a changé de la vision de votre identité américaine?
Ça a d’abord changé ma vision du Moyen-Orient. Que même si la religion tient un rôle majeur, ce sont avant tout des gens comme vous et moi. Ma vision des relations internationales aussi, que d’une certaine manière, l’autre bout du monde est juste la porte à côté. Au début, ca m’est arrivé de mentir. De dire que j’étais canadienne ou danoise ou suédoise. Mais à un moment, ça devient fatiguant d’avoir honte de son pays. Et on se met à réaliser que, même si tout n’est pas parfait, les Etats-Unis ont sûrement fait plus de choses positives que négatives dans le monde. Je suis revenue en me sentant plus américaine qu’avant.
Vous allez voter pour la première fois. Qu’est-ce qui compte le plus, à 21 ans, pour faire son choix?
La position des candidats sur l’environnement et l’Irak. Même si l’économie est la préoccupation n°1, que je vois le prix que mes parents paient pour la fac et que ca me coûte presque trois fois plus cher de faire le plein qu’il y a quelques années, je veux vraiment quelqu’un qui restaure l’image des Etats-Unis. Quelqu’un qui ne se mette pas nos alliés à dos, qui s’engage à partir d’Irak, à donner l’exemple en matière d’environnement. Obama, donc, évidemment.
Vous supportiez Hillary Clinton. Que pensez-vous de Sarah Palin?
Obama aurait dû choisir Hillary sur le ticket. C’est une erreur stratégique de ne pas l’avoir fait, et j’espère qu’il ne s’en mordra pas les doigts, surtout avec le choix de McCain. Palin? Comment dire... C’est très bien qu’il y ait une femme. Elle a un vagin, yay! Mais, elle veut creuser partout dans l’Arctique, même dans les zones protégées, elle est contre le droit à l’avortement, même en cas de viol ou d’inceste. Mais surtout, elle est tellement sous qualifiée, c’est indécent et terrifiant. Pour Halloween, je me déguiserai en Sarah Palin. Avec un bikini aux couleurs du drapeau américain, un flingue, et une peau de renne sur l’épaule…
>>> Mardi, un pêcheur d'Alaska