Après quatorze jours en mer et avec 42 migrants à son bord, le «Sea-Watch» force le blocus italien
IMMIGRATION•Matteo Salvini a indiqué qu’il ferait usage de « tous les moyens démocratiquement permis » pour bloquer l’arrivée des migrants en Italie20 Minutes avec agences
Le navire humanitaire « Sea-Watch » a annoncé ce mercredi qu’il forçait le blocus des eaux italiennes afin de débarquer les 42 migrants bloqués à son bord. Cela faisait quatorze jours que le navire était coincé en mer, au large de l’île de Lampedusa. « J’ai décidé d’entrer dans le port de Lampedusa. Je sais ce que je risque, mais les 42 naufragés à bord sont épuisés », a déclaré sur Twitter la jeune capitaine allemande, Carola Rackete. « Je les emmène en lieu sûr. »
Sur les sites de trafic maritime, les relevés du navire montrent qu’il a franchi la frontière à la mi-journée, entrant dans les eaux italiennes en direction de Lampedusa. « Nous ferons usage de tous les moyens démocratiquement permis pour bloquer cette insulte au droit et aux lois », a immédiatement réagi le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini.
La jeune capitaine de 31 ans et les membres de Sea-Watch risquent des poursuites pour "aide à l’immigration clandestine". Un nouveau décret de Matteo Salvini permettrait aussi la saisie du bateau et une amende de 50.000 euros. Sur les 53 migrants secourus le 12 juin au large de la Libye, 11 personnes vulnérables ont déjà été débarquées avec l’accord de l’Italie. « Maintenant basta ! », avait alors insisté Matteo Salvini. Ce mardi, le ministre s’était réjoui de la décision de la Cour européenne des droits de l'Homme, qui refusait d’intervenir en urgence pour débloquer la situation des migrants.
« Nous ne pouvons plus tenir »
A terre, des dizaines de villes allemandes se sont dites prêtes à accueillir les migrants. L’évêque de Turin (Italie) a annoncé ce lundi que son diocèse proposait de les prendre en charge. Le curé de Lampedusa, où le parti de Salvini a fait une percée aux Européennes de mai, campe depuis plusieurs jours devant son église pour réclamer le débarquement des migrants.
Dans une vidéo diffusée par l’ONG, un migrant présent sur le navire a lancé un appel. « Nous ne pouvons plus tenir, nous sommes comme dans une prison, parce que nous sommes privés de tout », explique-t-il. « Aidez-nous, pensez à nous. » En janvier, 32 migrants sauvés par le « Sea-Watch » étaient restés bloqués dix-huit jours en mer avant de débarquer à Malte grâce à un accord européen.