Arabie Saoudite: Des femmes inscrivent désormais le droit de conduire dans leur contrat de mariage
VOITURE•Les femmes ont le droit de conduire depuis un anJ.-L.D. avec AFP
Dans la société saoudienne, les contrats de mariage sont un filet de sécurité pour les femmes. On y inscrit des droits pour ne pas rester à la merci des caprices du mari ou de sa famille. De tels actes, contraignants juridiquement, codifient généralement le droit pour la femme d’avoir sa propre maison, d’engager une bonne, d’étudier ou de travailler. Mais, après la levée de l’interdiction faite aux femmes de conduire l’année dernière, une nouvelle exigence est apparue : celle de pouvoir posséder et conduire une voiture.
L'abrogation de l'interdiction faite aux femmes de conduire constitue le changement social le plus palpable dans le royaume ultraconservateur, engagé dans une campagne de relative libéralisation. Pour conduire, les femmes n’ont pas besoin de l’accord explicite de leur « tuteur » masculin (mari, père ou autre parent) dont elles dépendent encore pour étudier, se marier et même sortir de prison.
Une demande possible de divorce
Impossible de savoir toutefois si elles peuvent contester légalement une interdiction de leur tuteur de prendre le volant. « Certaines femmes préfèrent inclure le droit de conduire dans leur contrat de mariage afin d’éviter tout conflit conjugal », affirme Abdelmohsen al-Ajemi, un imam de Ryad préposé au mariage qui a reçu pour la première fois la semaine dernière une demande de ce type.
Les manquements aux conditions du mariage peuvent être invoqués par les femmes pour demander le divorce, selon des préposés au mariage. Il n’y a pas de statistiques sur le nombre de contrats contenant de telles exigences. Sollicité, le ministère de la Justice n’a pas répondu à une demande de commentaire.
Plus de conditions et plus de divorces
Cette tendance souligne la façon dont les femmes semblent utiliser les contrats de mariage pour faire aboutir des demandes de plus en plus «audacieuses» selon les critères de cette société conservatrice.
Les hommes, eux, utilisent parfois leur contrat de mariage pour exiger que leur épouse « ne travaille jamais » ou qu’elle vive avec sa belle-mère, énumère Adel al-Kalbani, un autre imam. Ces pratiques sont un signe de la transformation sociale du royaume, selon les deux religieux. Mais elles pourraient aussi causer des tensions et l’échec de mariages. Les médias saoudiens ont fait état ces dernières années d’une hausse du nombre de divorces.