Berlin veut plafonner les loyers pour lutter contre la flambée des prix
LOGEMENT•Les loyers ont doublé en dix ans dans la capitale allemande20 Minutes avec agences
Berlin s’attaque à la flambée des prix qui gagne tout le pays. La Ville a dévoilé ce mardi un projet de plafonnement et de gel des loyers pendant cinq ans, une première en Allemagne.
Le surnom de « ville pauvre mais sexy », qui pendant longtemps alla comme un gant à la capitale allemande, paraît en effet de moins en moins justifié, même si les tarifs y restent encore nettement moins élevés qu’à Paris ou Londres. Les loyers ont doublé en dix ans dans la métropole de quatre millions d’habitants où le manque de logement se fait de plus en plus sentir.
« Avoir durablement des loyers abordables »
« Nous voulons d’abord ramener le calme dans un marché qui est en surrégime puis via un plafonnement faire en sorte d’avoir durablement des loyers abordables », a déclaré à la chaîne de télévision publique Phoenix Katrin Lompscher, en charge du dossier au sein de la municipalité.
Le projet de législation prévoit un gel des loyers à partir de 2020 pour tous les logements anciens du parc privé. La ville en compterait entre 1,5 et 1,6 million, selon l’Association de locataires de Berlin.
Même en cas de modernisation des appartements, une augmentation du loyer de plus de 50 centimes au m² sera à l’avenir soumise à l’approbation des autorités locales. Les logements sociaux et nouveaux appartements qui n’ont pas encore été loués ne seront pas a priori concernés.
Les locataires pourront faire vérifier le montant de leur loyer
Les locataires estimant leur loyer trop élevé auront en outre le droit de le faire vérifier et de déposer un recours. Il pourra alors être abaissé au « loyer autorisé » par la loi qui s’appuie sur un indice locatif jusqu’à présent uniquement informatif. Quant aux locataires qui emménagent pour la première fois dans un appartement, ils seront également protégés : seul le dernier loyer en vigueur pourra être exigé si les lieux ne sont pas rénovés.
Toute infraction à la loi serait passible d’une amende pouvant atteindre 500.000 euros pour les propriétaires. Cette initiative est défendue par la municipalité très à gauche de Berlin, composée des sociaux-démocrates, de la gauche radicale et des écologistes.
Les Berlinois en colère contre la « folie des loyers »
La ville est sous pression croissante de ses habitants pour agir. Vendredi, une pétition aux 77.000 signatures demandant l’expropriation de grands groupes immobiliers possédant plus de 3.000 logements dans la ville a été remise aux autorités. Le débat sur ce sujet fait rage depuis des mois à Berlin.
Début avril, des milliers de manifestants avaient à nouveau défilé à Berlin et d’autres villes du pays contre la « folie des loyers ». Les Berlinois consacrent en moyenne un quart de leur salaire pour se loger, selon le portail immobilier Immowelt, alors que seulement 18,4 % d’entre eux sont propriétaires de leur logement, l’un des plus faibles taux d’Europe.
Les propriétaires invités à vite augmenter leurs loyers
D’autres villes allemandes comme Munich, Hambourg ou Francfort connaissent également un marché immobilier tendu. Après plusieurs résultats électoraux catastrophiques, le parti social-démocrate, allié aux conservateurs d'Angela Merkel au gouvernement, cherche à s’emparer de ce sujet.
« Nous aborderons cette question au sein de la coalition au cours des prochains jours et nous en ferons un enjeu », a affirmé l’un des dirigeants du SPD Thorsten Schäfer-Gümbel au Tagespiegel. La chancelière avait cependant averti vendredi qu’il ne fallait pas décourager « les groupes à investir dans le logement », estimant que « la meilleure réponse à la pénurie de logements est de créer de nouveaux logements ».
Les professionnels de l’immobilier sont également vent debout. La puissante association de défense des propriétaires Haus und Grund a appelé sur son site, compte à rebours à l’appui, les propriétaires berlinois à « augmenter (leur) loyer jusqu’au 17 juin » minuit.