Royaume-Uni: Trump encense la reine, prend le thé avec le prince Charles et insulte le maire de Londres
ROYAUME-UNI•La visite prendra un tour plus politique ce mardi avec une réunion à Downing Street avec Theresa May, sur le départ20 Minutes avec AFP
Donald Trump a loué lundi le règne de la reine Elisabeth II, « une femme formidable », lors d’un banquet au palais de Buckingham au premier jour d’une visite d’Etat qui avait débuté par un tweet vengeur du président américain.
Quelques heures après avoir qualifié de « loser total » le maire de Londres, Sadiq Khan, donnant d’emblée un ton résolument polémique à sa visite de trois jours, l’homme d’affaires républicain a opté pour une tonalité beaucoup plus solennelle. Evoquant, au début du dîner d’Etat, « l’amitié éternelle entre nos deux peuples », Donald Trump a salué le règne « véritablement remarquable » d’Elisabeth II, qui a été couronnée en 1953.
Cette dernière avait auparavant insisté sur « les valeurs communes et les intérêts partagés » entre les deux pays, rappelant à Donald Trump, 45e président des Etats-Unis, qu’elle avait effectué sa première visite d’Etat aux Etats-Unis à l’invitation du général Eisenhower, 34e président américain. « La reine et toute la famille royale ont été fantastiques », avait tweeté peu avant Donald Trump, après avoir pris le thé avec le prince Charles, héritier du trône britannique, au palais de Clarence House.
Protestations au Royaume-Uni
Troisième président américain à avoir droit à une visite d’Etat après George W. Bush (2003) et Barack Obama (2011), Donald Trump a été accueilli dans la matinée par Elisabeth II au son des coups de canons tirés en son honneur. La reine lui a ensuite offert, comme le veut la coutume, un cadeau : une première édition de The Second World War, datée de 1959 et écrite par l’ancien Premier ministre Winston Churchill.
Le locataire de la Maison-Blanche s’est ensuite rendu, accompagné de son épouse Melania, de sa fille et conseillère Ivanka Trump et de son gendre Jared Kushner, à l’abbaye de Westminster, où sont célébrés les mariages princiers et où a été couronnée Elisabeth II en 1953.
Ces honneurs ne sont cependant pas au goût de tous, plusieurs personnalités politiques, dont le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn et le président de la Chambre des communes John Bercow, ayant décidé de bouder le banquet. Des militants d’Amnesty International ont déployé des banderoles appelant à « résister » à « Trump », au « racisme », au « sexisme » et à la « haine » sur un pont faisant face à l’ambassade des Etats-Unis. D’autres manifestations contre le président américain sont attendues pour mardi.
La « relation spéciale » anglo-américaine mise à rude épreuve
Mardi, la visite de Donald Trump prendra un tour plus politique avec une réunion à Downing Street avec Theresa May, la Première ministre sur le départ pour n’avoir pas réussi à mettre en œuvre la sortie de l’Union européenne, trois ans après le référendum du Brexit.
Dans des entretiens avec la presse britannique, il a critiqué la manière dont Theresa May a mené les négociations avec Bruxelles. Il a recommandé à son futur successeur de quitter l’UE sans accord et fait de l’ex-ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, partisan d’un Brexit dur, son champion pour la remplacer. Il a aussi tressé des lauriers au populiste Nigel Farage, le leader du Parti du Brexit qui a raflé la mise aux élections européennes.
La « relation spéciale » anglo-américaine est aussi mise à rude épreuve dans plusieurs dossiers, dont ceux de l’Iran, avec la volonté affichée du Royaume-Uni de défendre l’accord nucléaire qu’il a remis en cause, et de l’environnement. Washington fait aussi pression sur Londres pour exclure Huawei de son réseau 5G. Dimanche, dans le Sunday Times, Donald Trump a demandé au gouvernement britannique de se montrer « très prudent » quant à la place qu’il compte donner au géant chinois des télécoms.