SCRUTINAprès l'annulation de sa victoire, le maire d'Istanbul rencontre ses alliés

Turquie: A Istanbul, le maire déchu se concerte avec ses alliés après l’annulation des élections par Erdogan

SCRUTINAvec l’arrivée au pouvoir d'Ekrem Imamoglu, c’était la première fois en 25 ans qu’un membre de l’opposition au parti présidentiel parvenait à être élu à Istanbul
20 Minutes avec AFP

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Il avait gagné les élections municipales d'Istanbul en mars dernier, mais sa victoire a été annulée par le président turc Recep Tayyip Erdogan. Le maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu se réunit ce mardi avec des dirigeants de l’opposition pour arrêter sa stratégie.

L’édile déchu doit rencontrer en fin de matinée à Ankara le chef de son parti CHP (social-démocrate), Kemal Kiliçdaroglu et la dirigeante du parti Iyi (droite), Meral Aksener. « Celui qui remporte Istanbul, remporte la Turquie », répète souvent Recep Tayyip Erdogan. Ekrem Imamoglu, 48 ans, a battu d'un cheveu le candidat du parti présidentiel AKP (islamo-conservateur), l’ex-Premier ministre Binali Yildirim, lors des élections municipales du 31 mars.

Une ville contrôlée depuis 25 ans par l’AKP

Mais sa victoire a été invalidée lundi par le Haut-comité électoral de Turquie (YSK) qui a ordonné la tenue d’un nouveau scrutin le 23 juin. Une décision prise après que Recep Tayyip Erdogan a dénoncé des «irrégularités» et réclamé l'annulation des élections. Le CHP, principale formation de l’opposition au président Erdogan, a vivement condamné cette décision, dénonçant un « putsch contre les urnes » et estimé que la Turquie s’enfonçait dans « la dictature ».

Le chef de l’Etat turc n’a pas encore publiquement commenté la décision de l’YSK, mais devait s’exprimer à la mi-journée devant les députés de son parti à Ankara. La défaite aux municipales de l’AKP dans cette mégalopole qu’elle contrôlait depuis 25 ans a infligé un camouflet sans précédent à Erdogan. Pour contester le scrutin à Istanbul, la capitale économique et démographique du pays, l’AKP a fait pleuvoir un déluge de recours sur les autorités électorales, tandis qu’Erdogan multipliait les appels à renouveler les élections.

Des conditions de campagne déséquilibrées

L’AKP a également perdu la capitale Ankara. Un revers qui s’explique notamment par la tempête économique qui secoue le pays, avec la première récession en 10 ans, une inflation de 20 % et une monnaie qui s’érode. Pour Ekrem Imamoglu, qui a remporté l’élection du 31 mars en dépit de conditions de campagne largement déséquilibrées en faveur de son opposant, l’annulation du scrutin sonne comme un coup de massue. Malgré tout, il s’est voulu rassurant et combatif lundi soir, appelant ses partisans rassemblés à Istanbul à « ne pas désespérer ». « Nous n’abandonnerons jamais », a-t-il affirmé.

Plusieurs milliers de ses soutiens ont manifesté dans la nuit de lundi à mardi à Kadiköy, un district de la rive asiatique d’Istanbul, contre la décision de l’YSK de renouveler l’élection. Cette mesure risque de renforcer les accusations de dérive autoritaire contre Recep Tayyip Erdogan, alors que les organisations de défense des droits humains dressent un portrait de plus en plus sombre de la Turquie depuis le putsch manqué de 2016, suivi de purges massives.

Des observateurs internationaux en juin

Pour le cabinet d’analyse Soufan Center, « la récente ingérence dans les élections est un signal clair (…) qu’Erdogan est déterminé à atteindre un pouvoir absolu quel que soit le prix ». Après la décision de l’YSK, l’Union européenne a exhorté lundi les autorités turques à permettre à des observateurs internationaux de surveiller le nouveau scrutin en juin.

« Garantir un processus électoral libre, juste et transparent est essentiel pour toute démocratie et est au cœur des relations entre l’Union européenne et la Turquie », ont souligné dans un communiqué la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini et le commissaire à l’élargissement Johannes Hahn.