Etats-Unis: Trente ans après, Biden exprime ses regrets à une femme emblème des victimes de harcèlement
ELECTION•Une commission parlementaire dirigée par le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden avait questionné agressivement une femme se disant victime de harcèlement sexuelN.Sa avec AFP
L’heure est aux excuses, ou du moins aux regrets, pour le dernier candidat démocrate en date à la Maison Blanche. Après presque 30 ans, Joe Biden a exprimé ses « regrets » à une femme se disant victime de harcèlement sexuel, qui avait été questionnée agressivement par la commission parlementaire qu’il dirigeait, a annoncé jeudi son équipe de campagne.
Episode controversé très célèbre aux Etats-Unis, l’audition houleuse d’Anita Hill, qui accusait en 1991 le candidat à la Cour suprême Clarence Thomas de harcèlement sexuel, menace de peser sur la candidature de l’ancien vice-président.
D’autant que cette dernière, aujourd’hui professeure de droit, n’a pas accepté les excuses tardives de Joe Biden, d’après le New York Times.
« Je ne peux me satisfaire d’un simple "je suis désolé de ce qui vous est arrivé" »
L’ancien vice-président de Barack Obama a parlé à Anita Hill, a indiqué un porte-parole, peu après le lancement de sa campagne présidentielle.
« Ils ont eu une conversation privée lors de laquelle il lui a fait part directement de ses regrets pour ce qu’elle avait enduré et son admiration pour tout ce qu’elle a fait afin de changer la culture autour du harcèlement sexuel dans ce pays », a précisé ce porte-parole.
Anita Hill n’a pas été « convaincue que Joe Biden accepte réellement le mal qu’il lui a causé ainsi qu’à d’autres femmes victimes de harcèlement sexuel et de violence » machiste, écrit le New York Times. « Je ne peux me satisfaire d’un simple "je suis désolé de ce qui vous est arrivé" », a-t-elle expliqué au journal. « Je serai satisfaite quand je saurai qu’il y a un véritable changement et que l’on rend de véritables comptes, avec un véritable sens ».
« Je regrette de ne pas avoir pu lui donner le type d’audition qu’elle aurait mérité »
Cette affaire vient régulièrement hanter Joe Biden mais elle a pris un relief particulier depuis l’émergence du mouvement anti-harcèlement #MeToo. Et est revenue avec force au coeur de l’actualité lorsque des femmes ont accusé ce vétéran de la politique de les avoir profondément gênées avec ses gestes d’affection très marqués.
En mars, Joe Biden avait évoqué avec émotion l’audition d’Anita Hill, une femme noire, devant une commission composée uniquement de « types blancs ».
« Elle avait dû faire face à une commission qui ne comprenait pas du tout de quoi il s’agissait. Encore aujourd’hui, je regrette de ne pas avoir pu lui donner le type d’audition qu’elle aurait mérité, », avait-il déclaré. « J’aurais aimé pouvoir faire quelque chose », avait-il ajouté, s’attirant une volée de critiques puisqu’il était à l’époque président de cette commission.