Etats-Unis: Cerné par les doutes, Boeing entame une semaine décisive
AERONAUTIQUE•L’avionneur américain est en pleine crise après les crashs successifs de deux 737 MAX en moins de six mois20 Minutes avec AFP
C’est l’occasion de rassurer pour Boeing. Plongé dans une crise sans précédent qui affecte son avion vedette, le 737 MAX, l’avionneur américain doit publier ses résultats du premier trimestre mercredi et tient son assemblée générale cinq jours plus tard à Chicago.
L’avionneur devrait annoncer la date de soumission au régulateur aérien américain (FAA), pour certification, du correctif du 737 MAX tant attendu, dans l’espoir de voir lever l’interdiction de vol frappant depuis mi-mars cet avion après deux drames rapprochés ayant fait au total 346 morts, indique une source industrielle. Le PDG Dennis Muilenburg pourrait faire cette annonce lors de la conférence téléphonique avec les analystes financiers mercredi, a dit cette source sous couvert d’anonymat.
La production réduite de 20 %
Ce sera la première fois que le grand patron répondra aux questions depuis le crash le 10 mars près d'Addis Abeba d'un 737 MAX 8 d'Ethiopian Airlines (157 morts). Le système anti-décrochage de l’avion, le MCAS, a été mis en cause dans cet accident, comme dans celui le 29 octobre d’un 737 MAX 8 de Lion Air (189 morts). Contacté par l’AFP, Boeing répète qu’il soumettra les modifications dans les « prochaines semaines ».
Outre l’immobilisation au sol de la flotte de 737 MAX – plus de deux tiers du carnet de commandes de Boeing – les livraisons ont été suspendues et la production a été réduite de 20 %. Les compagnies aériennes américaines ont, elles, annulé des vols prévus jusqu’en août. « Dans un marché dominé par le duopole Airbus-Boeing, Boeing va résister à la tempête provoquée par le 737 MAX », estime Stephen Foreman.
Des débris dans les Dreamliner flambant neufs
Pour cet expert d’Oxford Economics, l’A320 Neo, l’avion rival, a un carnet de commandes de près de 6.000 unités, ce qui nécessite plusieurs années de production. Et toute augmentation de production serait mal vécue par les sous-traitants, argue-t-il. Les résultats financiers seront ainsi relégués en arrière-plan, les marchés se focalisant sur les déclarations portant sur l’avenir du 737 MAX.
Ils auront à cœur d’avoir des réponses aux questions suivantes : quand Boeing espère-t-il voir le 737 MAX voler à nouveau ? Comment compte-t-il indemniser les compagnies aériennes affectées ? A-t-il reçu des annulations de commandes ? Où en sont l’enquête du ministère américain de la Justice et l’audit du ministère des Transports sur la certification ? Quel sera l’impact financier pour les prochains mois ? La réputation de Boeing est en jeu, d’autant que le New York Times affirme que l’avionneur a par ailleurs privilégié le marketing et les bénéfices sur la qualité et la sécurité dans la production du 787 Dreamliner.
Des débris ont été retrouvés dans les 787 livrés aux compagnies aériennes, rapporte le journal, des affirmations jugées « inexactes » par Boeing. « La qualité est le socle de ce que nous sommes », défend Brad Zaback, le responsable du programme 787. « Tout ceci soulève la question de savoir s’il n’y a pas une dégradation de la qualité et un problème systémique chez Boeing », s’interroge Scott Hamilton, expert chez Leeham. Selon lui, Boeing doit être transparent et lancer une vaste campagne de pub, selon lui « nécessaire pour rassurer les passagers ».