VIDEO. Qui est Zuzana Čaputová, la future présidente de la Slovaquie?
EUROPE CENTRALE•Une femme, libérale, pro-européenne, inconnue il y a un an. Autant dire que son profil détonne dans le paysage régionalRachel Garrat-Valcarcel (avec AFP)
On la compare à Macron, notamment pour la soudaineté de sa victoire. Zuzana Čaputová va devenir le 15 juin la première femme présidente de la Slovaquie, cette jeune république d’Europe centrale, adhérente de l’Union européenne depuis 2004. Elle a remporté le second tour de l’élection présidentielle, samedi, contre le candidat du parti social-démocrate local, au pouvoir (58 % contre 42 %).
Il y a un an, pour tout dire, elle était à peu de chose près inconnue et son parti, Slovaquie Progressiste, existait depuis à peine quelques semaines. Il n’est d’ailleurs à ce jour toujours pas représenté au parlement du pays. Les élections législatives n’ont lieu que l’année prochaine. Elle avait déjà largement mené le premier tour (40 % contre 18 %).
Défense de l’environnement
Jusque-là, Zuzana Čaputová, 45 ans, était avocate et activiste écologiste et anticorruption. Elle a même reçu le prix Goldman, sorte de prix Nobel qui récompense les personnalités qui s’engagent pour la sauvegarde de l’environnement. Un CV assez rare pour une cheffe de l’Etat.
Elle a reçu le prix Goldman pour avoir mené avec succès une campagne pour bloquer l’installation d’une grande décharge publique à Pezinok, d’une surface comparable à 12 terrains de football. En 2013, la Cour suprême slovaque a donné raison aux habitants de Pezinok, en annulant le permis de construire de la décharge.
Libérale dans une région « illibérale »
L’affaire a poussé la Cour de justice de l’Union européenne à établir des règles de consultations ouvertes dans le cas des projets d’urbanisme qui peuvent affecter l’environnement. « L’histoire d’une petite ville slovaque a eu un impact international important », s’est félicitée ensuite Zuzana Caputova.
Candidate d’un parti ouvertement libéral, elle a défendu pendant sa campagne, outre la protection de l’environnement, le droit à l’avortement, les droits LGBTI (un enfant vivra « mieux avec deux êtres amoureux de même sexe » que dans un orphelinat, dit-elle) et une profonde réforme de la justice alors que la Slovaquie est bousculée par de graves affaires de corruption.
Scandales
Autant dire un profil atypique, vis-à-vis de ses voisins hongrois et polonais, où la démocratie « illibérale » prospère. Voire l’Autriche, dirigée par une coalition entre conservateurs et extrême droite.
Il faut dire qu’en Slovaquie, l’illibéralisme était jusque-là plutôt représenté par le parti social-démocrate au pouvoir, réélu lors des dernières législatives, en 2016. Robert Fico, son leader historique, trois fois chef du gouvernement, a dû démissionner l’année dernière. Après l’assassinat d’un journaliste et de sa compagne, qui devait sortir une enquête sur les liens entre des personnalités politiques locales et la mafia italienne.
Inexpérimentée mais charismatique
Cet assassinat a fait sortir des dizaines de milliers de Slovaques dans les rues. Zuzana Čaputová compris. Elle dit que ce sont ces évènements qui l’ont convaincue de se porter candidate à la présidente du pays.
Membre de l’organisation Environmental Law Alliance Worldwide, elle aime aussi le dessin, le basket-ball, la randonnée et la natation. A l’aise en anglais, elle regrette d’avoir oublié son russe, qu’elle aimerait rafraîchir. Elle est divorcée, mère de deux filles adolescentes. Son compagnon est musicien et photographe.
Oratrice charismatique, mais inexpérimenté en politique, Zuzana Čaputová reconnaît manquer d’expérience dans le domaine de la défense et de la sécurité. « Je devrais compter sur mes conseillers pour aborder ces sujets », déclare-t-elle. De toute façon, la présidence de la République est surtout honorifique, en Slovaquie.