VIDEO. Crash d'Ethiopian Airlines: Les boîtes noires du Boeing 737 MAX 8 vont être envoyées en Europe
ENQUETE•L’Ethiopie ne dispose pas de l’équipement nécessaire à la lecture des deux boîtes noires20 Minutes avec AFP
Quatre jours après le crash du Boeing 737 MAX 8 d’Ethiopian Airlines, ce dimanche en Ethiopie, les boîtes noires de l’avion vont être envoyées pour être analysées en Europe, dans un pays qui n’a pas encore été choisi, a annoncé Asrat Begashaw, un porte-parole d’Ethiopian Airlines. L’Ethiopie ne dispose pas de l’équipement nécessaire à la lecture des deux boîtes noires.
Le crash, qui a fait 157 morts de 35 nationalités, est le deuxième en moins de six mois pour le Boeing 737 MAX 8. Dans des circonstances similaires, un avion du même type de la compagnie indonésienne Lion Air s’était écrasé au large de l’Indonésie, faisant 189 morts.
Des similarités « significatives » entre les deux crashs
Dans un entretien à la chaîne américaine CNN mardi soir, le PDG d’Ethiopian Airlines, Tewolde GebreMariam a soutenu que les similarités entre les catastrophes aériennes de dimanche et d’octobre sont « significatives », tout en assurant que les pilotes qui étaient aux commandes de l’appareil d’Ethiopian Airlines avaient reçu une nouvelle formation spécifique au 737 MAX 8 à la suite du crash de l’avion de Lion Air.
Le crash de Lion Air avait braqué l’attention sur les sondes d’angle d’attaque (AOA) reliées au système de stabilisation de l’avion (MCAS). Un dysfonctionnement de ces outils peut mettre l’appareil en « piqué » au lieu de le cabrer, en raison d’une appréciation erronée que l’avion est en décrochage. Comme dans le cas de Lion Air, le crash du Boeing d’Ethiopian Airlines a eu lieu peu de temps après le décollage et les appareils ont connu des montées et des descentes irrégulières juste après le décollage.
Les Etats-Unis refusent toujours de se rallier à cette interdiction de vol
Après des interdictions en rafale de la France, du Royaume-Uni, et de l’Allemagne, notamment, l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) a suspendu tous les vols des MAX 8 et des MAX 9, qu’ils soient à destination, au départ, ou à l’intérieur de l’Union européenne, que les opérateurs soient européens ou issus de pays tiers. Avant l’Europe, l’Asie avait déclenché l’offensive contre les moyen-courriers de Boeing, avec notamment des suspensions ou interdictions de vols en Australie à Singapour et surtout en Chine, où 76 de ces appareils ont été livrés.
L’Inde, la Nouvelle-Zélande et l’Egypte, notamment, ont depuis décrété une interdiction de vol. Une dizaine de compagnies aériennes, dont Ethiopian Airlines, ont également décidé d’immobiliser leurs 737 MAX. Isolés face à l’immense pression internationale, les Etats-Unis persistaient eux dans leur refus de se rallier à cette interdiction de vol. Le 737 MAX 8, mis en service il y a moins de deux ans, est la version remotorisée du best-seller 737, et est la locomotive des ventes de Boeing, fleuron de l’industrie américaine.
Boeing, l’un des sujets des négociations commerciales entre Washington et Pékin
« Jusqu’à présent notre examen du dossier ne montre aucun problème de performance et ne fournit aucune raison pour ordonner l’immobilisation de cet avion », a de son côté assuré l’agence fédérale de l’aviation américaine, FAA, dans un communiqué. En choisissant de ne pas clouer au sol la flotte des 737 MAX 8, la FAA fait le dos rond dans ce dossier d’autant plus sensible pour l’exécutif américain que les Boeing font partie des négociations commerciales entre Washington et Pékin.
Jusqu’à présent, la FAA a simplement demandé des modifications portant sur des systèmes automatisés, dont le MCAS. L’interdiction de vol pour un avion récent est un camouflet inédit dans l’histoire de l’aviation civile. Pourtant, elle ne devrait pas perturber outre mesure le trafic aérien mondial. Quelque 370 appareils de cette famille volent dans le monde aujourd’hui, tandis qu’environ 19.000 avions d’au moins 100 passagers sont en service au niveau international, tous modèles confondus, selon des données d’Airbus.