CRISEJuan Guaido veut décréter l'état d'urgence dans un Venezuela en plein chaos

VIDEO. Venezuela: Panne d'électricité, aide humanitaire bloquée... Juan Guaido veut décréter l'état d'urgence

CRISELe gouvernement a imposé une journée chômée ce lundi, dans un Caracas paralysé par une gigantesque panne électrique
20 Minutes avec AFP

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L’opposant Juan Guaido entend lundi tirer parti de la gigantesque panne de courant qui plonge le Venezuela dans le chaos depuis trois jours en appelant le Parlement à voter l’état d’urgence dans l’espoir de faciliter l’entrée d’aide humanitaire dans le pays.

« Cette catastrophe, nous devons nous en occuper maintenant », a martelé dimanche Juan Guaido, président de l’Assemblée nationale, autoproclamé « président par intérim » du Venezuela. « Je vais demander lundi à l’Assemblée nationale de décréter l’état d’urgence pour permettre l’entrée de l’aide humanitaire » dans le pays, ce qui permettra de « solliciter l’aide internationale », a annoncé le principal opposant à Nicolas Maduro, déjà reconnu par une cinquantaine de pays.

Cinq millions d’habitants dans le noir

Le courant est revenu dimanche soir dans certains quartiers de Caracas, provoquant des clameurs enthousiastes. Mais à deux reprises déjà, vendredi et samedi, la joie avait été de courte durée, l’électricité avait de nouveau disparu après un bref retour.

Alors que la panne franchissait un cap symbolique de 72 heures dimanche après-midi, le gouvernement a imposé une nouvelle journée chômée lundi aux fonctionnaires et aux écoliers. L’absence de transports rend de toutes façons tout déplacement hasardeux, même dans la capitale. A la nuit tombée, l’obscurité ajoute à l’angoisse dans cette métropole de cinq millions d’habitants, considérée comme l’une des plus dangereuses du monde. « C’est l’agonie. On s’impose un couvre-feu à partir de 17 heures. On sort tôt pour acheter ce qu’on peut et on rentre vite », soupire Yadira Delgado, 49 ans.

De l’aide humanitaire aux portes du pays

« Sur ordre du président Nicolas Maduro, les activités scolaires et le travail resteront suspendues demain lundi 11 mars », a annoncé le ministre de la Communication Jorge Rodriguez, qui a également appelé « au calme ». Juan Guaido a aussi enjoint à la population de descendre dans les rues « parce que ce régime laisse mourir les Vénézuéliens » et a appelé les forces armées à cesser « de couvrir le dictateur », le président Maduro.

Depuis jeudi en fin d’après-midi, le pays est privé de lumière, d’eau et de moyens de transport et de communications, et la population éprouve de plus en plus de difficultés à se ravitailler. Au moins 250 tonnes d’aide humanitaire, vivres et médicaments, principalement envoyées par les Etats-Unis, sont stationnées aux frontières du pays avec la Colombie et le Brésil. Une aide refusée par le gouvernement, qui y voit une tentative d’intervention armée déguisée des Etats-Unis.

Selon des ONG, la panne a déjà tué au moins 15 malades dans les hôpitaux – dont très peu sont équipés de générateurs en état de marche – mais en l’absence de bilan officiel et de moyens de communications, il est impossible de savoir ce qui se passe exactement à travers le pays. Ces bilans ont été démenti dimanche après-midi par le ministre de la Santé Carlos Alvarado. Cette crise fournit aussi un nouveau terrain de lutte entre les deux présidents qui se disputent le pouvoir : Juan Guaido et Nicolas Maduro ont organisé samedi des rassemblements rivaux à Caracas.