PERSPECTIVE«Pas d’accord» entre Donald Trump et Kim Jong Un à Hanoï

Sommet Trump-Kim: «Pas d’accord» entre les deux chefs d’Etat, annonce la Maison Blanche

PERSPECTIVE« Je ne suis pas pressé » de parvenir à un accord qui verrait la Corée du Nord mettre au rebut son arsenal nucléaire, a déclaré Donald Trump plus tôt dans la journée
Le président américain Donald en compagnie du leader nord-coréen Kim Jong Un à Hanoï, au Vietnam, le 28 février 2019.
Le président américain Donald en compagnie du leader nord-coréen Kim Jong Un à Hanoï, au Vietnam, le 28 février 2019.  - Saul LOEB / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

«Aucun accord n’a été conclu pour le moment » entre Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le président américain Donald Trump, a annoncé ce jeudi la Maison Blanche. Les deux chefs d’Etat ont quitté abruptement leur somment au Vietnam, où ils étaient réunis pour discuter de la dénucléarisation de la Corée du Nord. Le président américain a expliqué qu’il avait décidé de partir du fait de divergences sur les sanctions.

Il « faut parfois quitter » les négociations, a lancé Donald Trump, expliquant que les discussions avaient achoppé sur la question des sanctions économiques infligées à la Corée du Nord du fait de ses programmes nucléaire et balistique interdits. « J’aurais aimé aller plus loin », a-t-il dit, assurant toutefois que Pyongyang ne reprendrait pas ses essais nucléaires. Kim Jong Un « a déclaré qu’il ne testerait pas de missiles, ou de fusées, ou quoi que ce soit qui ait un rapport avec le nucléaire », a assuré le locataire de la Maison Blanche, qui a précisé qu’une nouvelle rencontre n’avait pas encore été prévue.

Une permanence américaine bientôt installée sur le sol nord-coréen ?

Les deux dirigeants ont « eu des réunions très constructives » et ont « discuté des différentes manières d’avancer sur des concepts en rapport avec la dénucléarisation et l’économie », a néanmoins souligné la Maison Blanche, ajoutant : « aucun accord n’a été conclu pour le moment, mais leurs équipes respectives ont hâte de se rencontrer à l’avenir ». Plus tôt dans la journée, Kim Jong-un avait évoqué la perspective d’une représentation permanente des Etats-Unis en Corée du Nord.

Un bureau de liaison américain à Pyongyang serait le bienvenu, a estimé le leader nord-coréen, qui répondait pour la première fois à des questions de journalistes étrangers. S’il ne s’agit pas d’une ambassade à proprement parler, cette représentation constituerait une première étape dans la normalisation des relations diplomatique entre deux pays, opposés durant la guerre de Corée (1950-53). De son côté, Donald Trump a déclaré qu’il s’agissait d'« une bonne idée ».

« Je ne suis pas pressé »

Au cours de leur premier sommet, en juin à Singapour, les deux dirigeants avaient signé une déclaration commune « sur la dénucléarisation de la péninsule » sans véritables engagements concrets. Huit mois après, des avancées sont attendues, au-delà des paroles chaleureuses. « Je ne suis pas pressé » de parvenir à un accord qui verrait la Corée du Nord mettre au rebut son arsenal nucléaire, a redit Donald Trump. « La vitesse n’est pas si importante que ça pour moi », a-t-il insisté. Donald Trump dit régulièrement qu’il n’y a nul besoin de se précipiter pour convaincre le Nord de désarmer, tant que celui-ci s’abstiendra, comme il le fait depuis plus d’un an, de procéder à des tirs de missiles et des essais nucléaires.

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De son côté, Kim Jong Un a déclaré qu'il ne serait pas présent à Hanoï s'il n'était pas prêt à la dénucléarisation mais est resté évasif sur d’éventuelles mesures concrètes. « C’est ce que nous sommes en train de discuter ». Après ces discussions sont prévues selon la Maison Blanche une « cérémonie de signature d’un accord conjoint » et une conférence de presse avant le départ de Donald Trump pour Washington.

« Mon ami Kim Jong Un »

Le locataire de la Maison Blanche est sous pression dans ce dossier où ses prédécesseurs ont échoué. Une percée diplomatique lui permettrait de détourner l’attention de ce qui se passe à Washington, où son ex-avocat Michael Cohen a livré devant le Congrès un témoignage aussi explosif qu'accablant. Donald Trump a une nouvelle fois fait miroiter à son « ami Kim Jong Un » un spectaculaire développement économique si la Corée du Nord acceptait enfin de renoncer à son arsenal nucléaire. «A plus long terme, je sais que nous aurons une réussite fantastique» avec la Corée du Nord, a lancé Donald Trump. « Cela va être une puissance économique. Avec un peu d’aide au bon endroit, je crois que cela va être quelque chose de très spécial ».

Depuis son arrivée au Vietnam, Donald Trump n’a eu de cesse de mettre en avant l’exemple de ce pays communiste qui a embrassé l’économie de marché et tourné la page de la confrontation avec les Etats-Unis. « Le Vietnam se développe comme peu d’autres endroits au monde. La Corée du Nord ferait la même chose - et très rapidement - si elle décidait de dénucléariser », avait tweeté le président américain, ce mercredi.

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Depuis des mois, le président américain manie la carotte et le bâton envers la Corée du Nord, mettant en exergue son potentiel économique tout en refusant l'allègement des sanctions.

Une pure représentation théâtrale pour les analystes

Les Etats-Unis ont maintes fois réclamé que Pyongyang se débarrasse de ses armes nucléaires de manière complète, vérifiable et irréversible. Mais, pour la Corée du Nord, la dénucléarisation est plus large. Elle veut la levée des sanctions internationales qui l’étranglent et la fin de ce qu’elle perçoit comme les menaces américaines, à savoir une présence militaire en Corée du Sud et dans la région en général. Les contempteurs de Donald Trump craignent qu’il ne soit prêt à faire trop de concessions, y compris aux dépens des alliés sud-coréen et japonais, pour proclamer une victoire et détourner l’attention de ses soucis aux Etats-Unis.

Les deux dirigeants, qui sont passés en quelques mois des insultes personnelles et menaces apocalyptiques à des déclarations « d’amour » de la part de Donald Trump, devront aller plus loin que pendant leur premier sommet, qualifié de pure représentation théâtrale par nombre d’analystes.