Cuba: Jour J pour la nouvelle Constitution du pays, grand allié du Venezuela
REFERENDUM•Visant à adapter la Constitution de 1976 à l’ouverture économique de l’île, la réforme reconnaît le marché, la propriété privée et les investissements étrangers20 Minutes avec AFP
La nouvelle Constitution cubaine va-t-elle être adoptée ? Après le vote du référendum, ce dimanche, marqué par une participation élevée, le gouvernement socialiste doit annoncer les résultats, ce lundi, lors d’une conférence de presse des autorités électorales à 15 heures (heure locale).
Un vote qui a valeur de test pour le gouvernement, déterminé à défendre son plus proche allié, le Venezuela de Nicolas Maduro, face aux pressions de Washington. « Nous votons pour notre Constitution (…), nous votons aussi pour le Venezuela, nous défendons le Venezuela, car au Venezuela se joue la dignité du continent », a assuré le président Miguel Diaz-Canel.
Rôle unique du Parti communiste et caractère « irrévocable » du socialisme
Visant à adapter la Constitution de 1976 à l’ouverture économique de l’île, la réforme reconnaît le marché, la propriété privée et les investissements étrangers comme nécessaires pour relancer la croissance d’un pays miné par les pénuries. Mais elle a surtout été brandie ces dernières semaines par le gouvernement comme étendard du socialisme et preuve de solidarité avec le Venezuela de Nicolas Maduro, qui lui apporte pétrole et soutien économique.
La nouvelle Constitution réaffirme le rôle unique du Parti communiste et insiste sur le caractère « irrévocable » du socialisme, en vigueur à Cuba depuis la révolution de 1959 et devenu l’ennemi juré de Donald Trump sur le continent américain. Ce dernier a assuré que « les jours du communisme étaient comptés au Venezuela, mais aussi au Nicaragua et à Cuba », et promis que les Etats-Unis ne seraient « jamais un pays socialiste ».
L’agressivité de Donald Trump, « une bonne propagande » pour inciter les Cubains à « voter oui »
Alors que le président Maduro est soumis à une forte pression internationale, l’idée que Cuba est le prochain sur la liste se renforce chaque jour. Sur Twitter, John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, a qualifié le référendum de « nouvelle ruse du régime cubain pour camoufler sa répression et tyrannie ».
Mais La Havane ne compte pas se laisser faire et se pose en défenseur de la gauche latino-américaine. « La lutte continue », a affirmé Miguel Diaz-Canel sur Twitter, estimant que « le coup d’Etat impérialiste » a échoué samedi au Venezuela, « mais l’empire (les Etats-Unis) ne renonce pas à ses plans ».
Le gouvernement cubain a mené une intense campagne pour le oui (#YoVotoSi), omniprésente sur les réseaux sociaux, à la télévision et sur les bus et commerces de l’île. Et l’agressivité de Donald Trump « a été une bonne propagande » pour inciter les Cubains à « voter oui pour défendre l’indépendance face à la menace américaine », estime le politologue Carlos Alzugaray.
L’opposition dénonce la censure et le manque de transparence
Critiqué par l’Eglise catholique pour son « idéologie unique », le texte est rejeté par une partie des Cubains sur Internet, plus accessible depuis le déploiement en décembre de la 3G. Mais si le slogan #YoVotoNo a largement circulé sur les réseaux sociaux, il a été absent des médias et censuré sur les SMS.
L’opposition dénonce aussi l’absence d’autorité électorale indépendante et d’observateurs internationaux pour garantir la transparence du scrutin. En 1976, la Constitution avait été validée à 97,7 % par référendum. Cette année Carlos Alzugaray prévoit « 70 à 80 % » : « La société a changé et ce changement va se refléter dans le vote. »