Grande-Bretagne: Déchue de sa nationalité, une jeune femme partie rejoindre Daesh dénonce une injustice
PERSONA NON GRATA•Shamima Begum, qui se trouve actuellement dans le camp de réfugiés dans le nord-est de la Syrie, avait annoncé la semaine dernière son intention de rentrer au Royaume-Uni20 Minutes avec AFP
Partie rejoindre l’organisation Etat islamique en Syrie en 2015, Shamima Begum, une jeune femme de 19 ans, a dénoncé la décision du ministre britannique de l’Intérieur de la déchoir de sa nationalité. Le ministre avait estimé qu’elle pouvait obtenir une autre nationalité.
Interdire le retour des ressortissants djihadistes pour des questions de sécurité ou organiser leur retour pour les traduire en justice : c’est le dilemme auquel sont désormais confrontés plusieurs pays européens.
« D’autres personnes sont renvoyées au Royaume-Uni, je ne vois pas en quoi mon cas est différent »
« Je ne sais pas quoi dire », a réagi la jeune femme de 19 ans sur la chaîne ITV après l’annonce de sa déchéance de nationalité, qui intervient après ses propos polémiques pour défendre le groupe djihadiste. « Je suis un peu sous le choc. C’est un peu bouleversant et frustrant. Je trouve que c’est un peu injuste pour moi et mon fils ».
« D’autres personnes sont renvoyées au Royaume-Uni, je ne vois pas en quoi mon cas est différent », a ajouté Shamima Begum dont le cas a défrayé la chronique ces derniers jours pour avoir affiché son absence de regret. « Est-ce simplement parce qu’il a été médiatisé ? » Elle a expliqué réfléchir à demander la nationalité néerlandaise, son mari étant originaire des Pays-Bas. Ce dernier a été fait prisonnier par les Forces démocratiques syriennes (FDS).
Une décision prise pour assurer « la sécurité du Royaume-Uni et de sa population »
Shamima Begum, qui se trouve actuellement dans le camp de réfugiés d’Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, avait annoncé la semaine dernière son intention de rentrer au Royaume-Uni. Elle a accouché au cours du week-end d’un bébé. Ses deux précédents enfants, nés après son départ vers la Syrie, sont décédés de maladie et de malnutrition. La décision du ministre de l’Intérieur conservateur, Sajid Javid, a été notifiée dans une lettre reçue par sa famille mardi.
« Le ministre de l’Intérieur a clairement affirmé que sa priorité était la sécurité du Royaume-Uni et de sa population », a souligné un porte-parole dans un communiqué, expliquant que cette décision n’avait pas été prise « à la légère » et que la jeune femme pouvait obtenir une autre nationalité. Le Royaume-Uni a le pouvoir de déchoir un citoyen de sa nationalité s’il estime que cela relève de « l’intérêt général » et à condition que cela ne le rende pas apatride, conformément à la convention de New York du 30 août 1961 qu’il a ratifiée.
Une nationalité bangladaise ?
La famille de la jeune femme a annoncé examiner « toutes les voies légales pour contester cette décision », qui peut faire l’objet d’un appel. L’avocat de la famille, Tasnime Akunjee, a affirmé mercredi que Shamima Begum, d’origine bangladaise par ses parents, était née au Royaume-Uni, ne disposait pas de la double nationalité, et n’avait jamais eu de passeport bangladais.
Au Bangladesh, Chiranjiv Sarker, directeur général au ministère des Affaires étrangères, a expliqué que ses services n’avaient pas été sollicités. Il a souligné que si sa famille contactait son ministère pour lui obtenir des papiers, celui-ci devrait vérifier son éligibilité à la nationalité bangladaise. La jeune femme avait notamment choqué par ses propos en affirmant qu’elle ne regrettait pas sa fugue vers la Syrie alors qu’elle n’avait que 15 ans, et a qualifié l’attentat de Manchester, qui avait fait 22 morts en mai 2017, de mesure de « représailles » aux frappes de la coalition occidentale contre Daesh.