ETATS-UNISDans un pays plus divisé que jamais, Trump tente un ton rassembleur

VIDEO. Etats-Unis: Dans un pays plus divisé que jamais, Trump tente un ton rassembleur

ETATS-UNISPour le traditionnel discours sur «l'état de l'Union», le tempétueux président américain a multiplié les appels au compromis dans une allocution à la tonalité plutôt sobre
20 Minutes avec AFP

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Face au Congrès réuni au grand complet, le président américain Donald Trump s’est posé mardi en rassembleur, mais les tensions politiques à Washington, alimentées par ses propos enflammés sur l’immigration, ont rendu l’exercice périlleux.

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Pour ce traditionnel discours sur « l’état de l’Union », le tempétueux président américain a multiplié les appels au compromis dans une allocution à la tonalité plutôt sobre, à l’exception d’un long passage sur la sécurité à la frontière avec le Mexique, conclu sur la promesse que le mur serait bel et bien construit.

« Le programme que je vais présenter ce soir n’est ni républicain, ni démocrate. C’est celui du peuple américain », a-t-il déclaré, portant son emblématique cravate rouge, devant plus de 500 élus, dont de nombreuses femmes démocrates vêtues de blanc, en hommage au centenaire du mouvement des suffragettes. « Ensemble, nous pouvons mettre fin à des décennies de blocage politique, guérir les blessures anciennes, construire de nouvelles coalitions », a-t-il ajouté, s’en tenant assez fidèlement au texte défilant sur les téléprompteurs.

« Les 364 autres jours, le président passe son temps à nous diviser »

Mais ces appels venant d’un président coutumier des diatribes enflammées ont peu de chance d’être entendus par ses adversaires politiques. D’autant que le texte comportait peu d’initiatives nouvelles. « On dirait que, tous les ans, le président se réveille le jour du discours sur l’état de l’Union avec une soudaine envie d’unité. Les 364 autres jours de l’année, le président passe son temps à nous diviser », avait ironisé, avant même le discours, Chuck Schumer, ténor démocrate du Sénat.

Une image, chargée en symboles, résumait la difficulté de sa délicate équation politique : lorsqu’il a pris la parole devant les élus au grand complet, la nouvelle « Speaker » de la Chambre des représentants Nancy Pelosi était, suivant la tradition, assise derrière lui, dans le champ des caméras. Elle est pour l’essentiel restée impassible.

Or l’élue démocrate de San Francisco, vent debout contre son projet de mur à la frontière avec le Mexique, vient de lui infliger une cuisante défaite politique. Et l’image d’habile négociateur que le magnat de l’immobilier de 72 ans aime mettre en avant a été très sérieusement écornée.

Enquêtes « ridicules »

A 21 mois de la prochaine élection présidentielle, où il entend briguer un second mandat, le républicain a dénoncé, avec une virulence rare dans cette enceinte, les enquêtes judiciaires « ridicules » et « partisanes » en référence aux investigations du procureur spécial Robert Mueller sur les liens entre son équipe de campagne et la Russie.

Sur un terrain moins miné, il a mis en avant de très bons chiffres économiques et un marché du travail extrêmement dynamique. « Après 24 mois de progrès rapides, le monde entier nous envie notre économie, notre armée est la plus puissante de la Terre, et l’Amérique gagne chaque jour », a-t-il déclaré.

S’il a une nouvelle fois affirmé que le mur à la frontière avec le Mexique serait « construit », il n’a finalement pas, comme il l’avait laissé entendre, déclaré une « urgence nationale », procédure exceptionnelle qui lui permettrait de contourner le Congrès. « Ce sont les immigrants, pas les murs, qui rendent l’Amérique plus forte », lui a répondu juste après son discours Stacey Abrams, femme noire et figure montante du parti, qui lui a donné la république au nom des démocrates.

Un nouveau combat budgétaire d’ici au 15 février ?

Dans l’hémicycle, le contraste était saisissant entre les rangs républicains et démocrates, beaucoup plus marqués par la diversité dans ce Congrès américain qui affiche depuis janvier un nombre record de femmes et d’élus issus de minorités.

Fait remarquable : le discours a été interrompu par un « Happy Birthday » chanté en chœur lorsque le président a présenté Judah Samet, survivant de la tuerie de la synagogue de Pittsburgh fin octobre. « Ils ne le feraient pas pour moi », a ajouté Donald Trump dans les rires.

Le 45e président des Etats-Unis a conclu son discours d’un peu plus de 80 minutes sur une tonalité rassembleuse : « Nous devons choisir si nous nous définissons par nos différences ou si avons l’audace de les transcender ». Le prochain combat budgétaire, avec une échéance fixée au 15 février, pourrait cependant marquer la reprise d’un affrontement politique sans merci jusqu’à l’élection présidentielle de novembre 2020.