ETATS-UNISLe bureau du procureur dément un point central d'un article sur Trump

Le bureau du procureur Mueller dément un point central de l'article de BuzzFeed sur Donald Trump

ETATS-UNISBuzzFeed affirme que le président américain a demandé à son ex-avocat de mentir au Congrès mais le rare démenti du bureau du procureur jette de sérieux doutes sur les allégations...
Philippe Berry

Philippe Berry

De notre correspondant aux Etats-Unis,

Selon des informations du site BuzzFeed, le président américain aurait demandé à son ex-avocat Michael Cohen de mentir lors de son témoignage au Congrès. Très prudents jusqu’à présent, plusieurs élus démocrates ont prévenu que si l’information était avérée, ils lanceraient une procédure d'impeachment contre le président américain. Mais vendredi soir, le bureau du procureur Robert Mueller a démenti un point central de l'article qui affirmait que ses services avaient confirmé l'allégation principale via des auditions de plusieurs employés de la Trump Organization et des documents internes. BuzzFeed, de son côté, défend son scoop, affirmant avoir confirmé l'information auprès de plusieurs sources.

Les faits présumés

En décembre, Michael Cohen a été condamné à trois ans de prison, notamment pour avoir menti au Congrès lors de son audition à propos du projet avorté de construction d'une Trump Tower à Moscou pendant la campagne. Cohen avait assuré que les discussions s’étaient arrêtées en janvier 2016, alors que, selon l’enquête du procureur Robert Mueller, elles ont continué jusqu’à l’été, quand Donald Trump était assuré d’être le candidat républicain.

Selon BuzzFeed, l’avocat a menti à la demande de Donald Trump, qui cherchait à limiter son implication, alors qu’il assurait n’avoir « aucun lien financier » avec la Russie. Mais le président américain aurait eu au moins dix tête-à-tête avec son avocat pour discuter des progrès du projet, et il aurait donné son feu vert à l’organisation d’une rencontre avec Vladimir Poutine.

La réaction des démocrates

Une demi-douzaine d’élus démocrates de la Chambre ont réagi. « Si le président a ordonné à Cohen de mentir au Congrès, c’est de l’obstruction à la justice. Point barre », a déclaré David Cicilline. Selon Adam Schiff, qui préside désormais la commission de la Chambre sur le renseignement, si les allégations sont avérées, Donald Trump s’est rendu coupable de « subornation de témoin ». « Si l’article de BuzzFeed est vrai, le président Trump doit démissionner ou être destitué », renchérit Joaquin Castro.

Eric Holder, l’ancien Attorney general de Barack Obama, enfonce le clou : « Si c’est vrai – et toutes les preuves doivent être examinées – le Congrès doit commencer la procédure d’impeachment et Barr [le nommé à la Justice] doit communiquer les preuves pertinentes découvertes par Mueller. Il s’agit peut-être un tournant. »

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Le précédent Nixon et Clinton

Cet extrait de l’article I du projet d’impeachment contre Nixon résume le danger qui pèse sur Donald Trump :

« « Le président des Etats-Unis Richard Nixon a entravé la Justice […] notamment en approuvant ou en conseillant à des témoins de livrer des faux témoignages face au Congrès. » »

Selon le Code pénal américain, la subornation de témoin est un crime passible de cinq ans de prison. Protégé par une relative immunité présidentielle, Donald Trump ne risque sans doute pas de mise en examen. Mais le Congrès pourrait estimer que les faits présumés s’apparentent à un « crime majeur » (« high crime ») justifiant un impeachment.

Lors du Watergate, Richard Nixon avait pris les devants en démissionnant. Pour Bill Clinton, la Chambre avait voté l’impeachment pour parjure et obstruction à la justice, notamment pour avoir demandé à des témoins de mentir dans l’affaire Lewinsky. Mais le démocrate avait échappé à la destitution car le Sénat ne l’avait pas condamné à la majorité des deux tiers.

Et maintenant ?

« Les démocrates ont la majorité à la Chambre et vont pouvoir enquêter sur les affirmations de BuzzFeed », estime Chris Edelson, professeur de sciences politiques à l’université de Washington. Si un impeachment était voté, Donald Trump jouerait son avenir lors d’un procès au Sénat. Ce n’est qu’avec une condamnation par deux tiers des sénateurs qu’un président américain peut être destitué, ce qui n’est jamais arrivé.