Italie: Cesare Battisti, expulsé de Bolivie, attendu lundi à Rome
ITALIE•Condamné à la réclusion à perpétuité pour quatre homicides et complicité de meurtres dans les années 1970, il vivait en exil au Brésil depuis 2004, après avoir passé près de 15 ans en France...20 Minutes avec AFP
Cesare Battisti, ex-activiste d’extrême gauche italien condamné à perpétuité en Italie pour quatre meurtres, est attendu lundi midi à Rome où il doit être emprisonné, après avoir été expulsé par la Bolivie.
L’avion qui doit le ramener en Italie a décollé dimanche vers 17h locales (22h, heure française) de l’aéroport international de Santa Cruz (est de la Bolivie) où il avait été capturé samedi soir après une cavale d’un mois. Le Falcon 900 siglé du drapeau italien est attendu à l’aéroport romain de Ciampino vers 12h30 lundi.
Le ministère de l’Intérieur italien avait confirmé que l’appareil avait bien décollé de Santa Cruz avec Cesare Battisti à son bord. L’annonce s’accompagne d’une photo de l’ex-militant gauchiste assis dans l’avion, apparemment sans menottes, une couverture sur les jambes. « L’avion avec Cesare Battisti vient de décoller en direction de l’Italie : je suis fier et ému ! », s’est félicité le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini sur Twitter.
L’accord de réduction de peine n’est plus d’actualité
« Il rentrera directement de la Bolivie. De cette façon, l’ex-terroriste purgera la peine prononcée par la justice italienne : la perpétuité ! », a précisé le ministre italien de la Justice Alfonso Bonafede sur son compte Twitter.
Dans un entretien à la télévision italienne Rainews24, le ministre a expliqué dimanche que le Brésil ne prévoit pas de peines à perpétuité. Dans le passé un accord avait donc été signé avec ce pays prévoyant de réduire la peine à 30 ans de prison, l’Italie préférant faire ce compromis pour récupérer le fugitif. Ceci n’est toutefois plus d’actualité avec une expulsion depuis la Bolivie. Il doit être placé dans la prison de Rebibbia à Rome.
Les geôles italiennes attendent Cesare Battisti « non pas à cause de ses idées politiques, mais bien pour les quatre crimes qu’il a commis ainsi que pour divers délits liés à la lutte armée et au terrorisme », a commenté le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte.
« Un délinquant qui ne mérite pas une vie confortable à la plage »
Condamné par contumace à la réclusion à perpétuité pour quatre homicides et complicité de meurtres dans les années 1970 - les « années de plomb » en Italie -, Cesare Battisti, 64 ans, vivait en exil au Brésil depuis 2004, après avoir passé près de 15 ans en France. L’Italien avait refait sa vie dans ce pays où il a un jeune fils mineur de mère brésilienne, une paternité sur laquelle il comptait d’ailleurs pour le protéger légalement d’une extradition du Brésil. Il a toujours clamé son innocence.
Matteo Salvini a remercié les forces de l’ordre italiennes et étrangères qui ont permis l’arrestation d'« un délinquant qui ne mérite pas une vie confortable à la plage, mais de finir ses jours en prison ». Le chef de La Ligue (extrême droite), homme fort de l’Italie, n’a pas manqué aussi d’adresser des remerciements à Jair Bolsonaro, son nouvel allié.
Salvini compte réclamer d’autres ex-militants à la France
Cesare Battisti avait été repéré « avec certitude » en Bolivie, la semaine dernière à Santa Cruz, où une opération avait été préparée avec la police bolivienne, a-t-on appris auprès du gouvernement italien. Une vidéo prise par la police italienne peu avant l’arrestation montre Cesare Battisti déambulant dans la rue, titubant légèrement, méconnaissable derrière des lunettes noires et portant barbe et moustache. Il a été arrêté avec moins de deux dollars en poche et « sentant l’alcool », selon une source proche de l’enquête.
L’arrestation de Cesare Battisti a été unanimement saluée en Italie, à droite comme à gauche. Le président de la République Sergio Mattarella espère qu’il sera « rapidement remis à la justice italienne, afin qu’il purge sa peine pour les graves crimes » commis en Italie.
Par ailleurs, Matteo Salvini a annoncé dimanche soir qu’il comptait réclamer rapidement à la France d’autres ex-militants d’extrême gauche condamnés pour meurtre après l’arrestation de Cesare Battisti, longtemps protégé par Paris.