Brexit: Theresa May se démène pour vendre l'accord au pays et au Parlement
INCERTITUDE•L’accord doit être soumis au Parlement britannique pour approbation avant la fin de la session, un vote prévu le 11 décembre…20 Minutes avec AFP
Après son succès face à l’Union européenne, Theresa May doit s’employer à convaincre son pays que l’accord trouvé sur le Brexit est le « meilleur possible ». La première ministre a réuni son cabinet ce lundi et doit s’exprimer devant des députés hostiles dans l’après-midi, au sujet du sommet européen qui a entériné dimanche l'accord de retrait et la déclaration politique sur la future relation. Elle va réaffirmer son « absolue certitude » qu’il « n’y a pas de meilleur accord possible » et les appeler à le soutenir au nom de l’intérêt national.
Un rejet de l’accord serait « un retour à la case départ » qui « ouvrirait la porte à plus de divisions et d’incertitude », avertira-t-elle, selon des extraits de son discours diffusés à l’avance. L’accord conclu après de longues et douloureuses négociations doit être soumis au Parlement britannique pour approbation, un vote prévu le 11 décembre.
Une majorité balayée
Or l’opposition travailliste emmenée par Jeremy Corbyn, les Brexiters purs et durs du propre camp conservateur de Theresa May et son allié, le parti unioniste nord-irlandais DUP, clament qu’ils voteront contre, balayant ainsi sa courte majorité d’une dizaine de sièges. La dirigeante conservatrice a reconnu devant ses interlocuteurs européens ce week-end qu’elle ne disposait pas d’une majorité au Parlement à ce stade.
Mais elle a fait valoir qu’elle comptait convaincre les députés de son parti en les prévenant que la moitié d’entre eux perdraient leurs sièges lors des élections législatives qui pourraient suivre un vote négatif. Pour les partisans du Brexit, tel l’ancien chef du parti Tory Iain Duncan Smith, il sera « très très difficile » de voter pour un texte qui a « beaucoup trop concédé à l’UE ».
Un courrier adressé aux Britanniques
Et même si le Parlement vote pour son accord, les ennuis de Theresa May ne sont pas finis : la cheffe du DUP Arlene Foster, qui est résolument contre en raison du statut spécial accordé à l’Irlande du Nord pour éviter une frontière physique avec la République d’Irlande, a menacé de retirer son soutien au gouvernement si l’accord passe. Theresa May s’est également lancée dans une opération de communication en direct avec ses concitoyens.
Elle a ainsi écrit une « lettre à la nation » aux accents solennels, publiée dimanche. Elle y appelle le pays à l’union nationale derrière l’accord, avec la perspective d’une « réconciliation » après des années de déchirement entre europhiles et eurosceptiques, suite au référendum de juin 2016 ayant voté le Brexit avec 52 % des voix.
L’accord prévoit une période de transition de 21 mois après le Brexit, fixé au 29 mars 2019, pendant laquelle quasiment rien ne change entre les deux parties et qui pourrait même être prolongée jusqu’en 2022. Restera alors la prochaine pièce de résistance : négocier la future relation avec l’Union européenne.