UKRAINEMacron et Merkel dénoncent des élections «illégales» en Ukraine

Elections séparatistes en Ukraine: Macron et Merkel dénoncent un scrutin «illégal» et «illégitime»

UKRAINECes élections visaient à élire des « présidents » et « députés » pour les deux « républiques populaires » autoproclamées par les rebelles à Donetsk et à Lougansk, qui échappent depuis quatre ans au contrôle de Kiev...
Une Ukrainienne vote à Donetsk, le 11 novembre 2018.
Une Ukrainienne vote à Donetsk, le 11 novembre 2018. - AP/SIPA
M.C. avec AFP

M.C. avec AFP

Une issue sans surprise. Les chefs séparatistes actuels ont été donnés vainqueurs selon les premiers résultats partiels des élections organisées dimanche dans l’est pro-russe de l’Ukraine, en dépit des critiques de Kiev et de l’Occident qui dénoncent ces votes comme illégitimes.

Tenus sous la surveillance des militaires armés de kalachnikovs et récompensés par des tickets de loterie ou coupons de recharge de portables, ces scrutins visaient à élire des « présidents » et « députés » pour les deux « républiques populaires » autoproclamées par les rebelles à Donetsk (DNR) et à Lougansk (LNR), qui échappent depuis quatre ans au contrôle de Kiev.

Sans surprise, les « commissions électorales » des deux territoires ont affirmé que les chefs actuels par intérim, Denis Pouchiline, un ex-négociateur avec Kiev de 37 ans, à Donetsk et Léonid Pasetchnik à Lougansk arrivaient largement en tête avec respectivement 57 % et 70 % des suffrages après le dépouillement de 27 % et 31 % des bulletins.

La séparation des territoires rebelles renforcée

Ces scrutins renforcent la séparation des territoires rebelles du reste du pays et entendent légitimer leurs nouveaux dirigeants, alors que le processus de paix est au point mort et que des heurts alourdissent régulièrement le bilan de ce conflit estimé par l’ONU à plus de 10.000 morts. « Nous avons montré au monde entier que nous pouvons non seulement faire la guerre (…) mais aussi construire un Etat », a déclaré dans la soirée Denis Pouchiline.

La participation a dépassé 80 % dans la « république » de Donetsk et 77 % dans celle de Lougansk, ont assuré leurs autorités respectives. Près de nombreux bureaux de vote à Donetsk, des militaires cagoulés et armés de fusils d’assaut étaient postés dans la journée, a constaté l’Agence France Presse.

« Ces prétendues élections nuisent à la souveraineté de l’Ukraine »

L’organisation de ces scrutins a déclenché de vives protestations de Kiev et des Occidentaux, qui y voient la main de Moscou et les jugent contraires aux accords de paix de Minsk. « Elles sont organisées sous la menace des mitrailleuses russes, dans un territoire occupé » par la Russie, a lancé samedi soir le président ukrainien Petro Porochenko.

« Ces prétendues élections nuisent à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Ukraine », ont dénoncé dimanche soir le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel, dans un communiqué commun. Les deux dirigeants se sont entretenus à Paris avec le président ukrainien Petro Porochenko, en marge des cérémonies du centième anniversaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale, auxquelles le chef de l’Etat russe Vladimir Poutine a également participé.

« Au lieu de mettre en œuvre Minsk et de s’avancer vers la paix », la Russie « institutionnalise le statu quo par le biais d'"élections" truquées », a pour sa part dénoncé dimanche sur Twitter l’envoyé spécial de Washington pour l’Ukraine, Kurt Volker. Bruxelles a condamné samedi des scrutins « illégaux et illégitimes ».