Election en Bavière: Echec électoral historique pour les alliés conservateurs de Merkel
ALLEMAGNE•Le parti conservateur CSU a perdu sa majorité absolue face à l'essor des Verts et de l'extrême droite, selon les sondages des chaînes publiques ARD et ZDF...20 Minutes avec AFP
La CSU, alliée conservateur clé d'Angela Merkel, a essuyé dimanche un camouflet historique lors de régionales en Bavière, fragilisant un peu plus le gouvernement de la chancelière allemande.
L'Union chrétienne-sociale, «parti frère» de la CDU de Mme Merkel qui domine la région depuis les années 1950, arrive certes en tête aux régionales, mais son score d'environ 37% a tout d'une débâcle politique, selon les projections corrigées à 20h30 des chaînes publiques ARD et ZDF qui lui accordaient deux point de moins plus tôt dans la soirée.
Baisse de 10 points par rapport à 2013, le SPD prend une gifle
Elle perd une dizaine de points par rapport à 2013, sa majorité absolue, et va être obligée de chercher une alliance pour gouverner ce Land parmi les plus riches d'Allemagne. Autre mauvaise nouvelle pour Mme Merkel, l'autre membre de sa coalition gouvernementale, les sociaux-démocrates du SPD, subit une gifle (9,5% des voix).
Les gagnants du scrutin sont les Verts, 2e avec 17,8%, et l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), parti d'extrême droite anti-Merkel et anti-migrant (10,6%) qui se retrouve au coude-à-coude avec les Freie Wähler, des conservateurs bavarois indépendants (11,6%). Les Libéraux du FDP (5%) ferment la marche.
Quelles conséquences pour la chancelière?
Rien pour rassurer la chancelière allemande donc, d'autant que son propre parti, la CDU, doit faire face à un scrutin tout aussi ardu le 28 octobre en Hesse, Land que les conservateurs dirigent en coalition avec les écologistes.
Ces deux scrutins «affecteront la politique nationale et en conséquence la réputation de la chancelière», a déjà prévenu vendredi le président de la chambre des députés et vétéran respecté de la CDU, Wolfgang Schäuble. La remarque n'est pas anodine: Angela Merkel doit affronter en décembre un vote de militants pour être reconduite à la tête de son parti.
Au pouvoir dans la première économie européenne depuis 13 ans, la chancelière allemande a connu une année très difficile, conséquence politique de sa décision de 2015 d'ouvrir l'Allemagne à plus d'un million de demandeurs d'asile.
Même si elle a considérablement resserré l'accueil des migrants, Angela Merkel a été handicapée par l'essor de l'extrême droite aux législatives de septembre 2017. Elle a bataillé six mois durant pour former une coalition gouvernementale, finalement avec des sociaux-démocrates très récalcitrants.
La stratégie droitière déployée ces derniers mois par la CSU n'a pas fonctionné
Puis durant l'été 2018, c'est la CSU bavaroise qui s'est rebellée, conduite par son chef, le ministre de l'Intérieur Horst Seehofer, qui a risqué à deux reprises de faire tomber le gouvernement en poussant des thèmes chers à l'AfD afin de regagner le terrain perdu.
Dans l'opinion, le désamour des Allemands pour ce gouvernement n'a lui cessé de croître. Le baromètre national publié dimanche par le quotidien Bild crédite le couple CDU/CSU d'un piètre 26%, quand le SPD végète à 17%, au même niveau que des Verts en pleine confiance et juste devant l'extrême droite (15%).
Illustrant cette recomposition du paysage politique, la stratégie droitière déployée ces derniers mois par la CSU pour regagner les voix conquises par l'AfD n'a pas eu l'effet escompté.
Face au séisme bavarois, de puissantes personnalités risquent aussi la suite de leur carrière, à commencer par Horst Seehofer, ministre de l'Intérieur et poil à gratter de Mme Merkel. Le chef du gouvernement bavarois, Markus Söder, lui aussi en danger, a rejeté, avant même le scrutin, la responsabilité d'une débâcle sur «Berlin». Comprendre, M. Seehofer et la chancelière.