VIDEO. Présidentielle au Brésil: Bolsonaro largement en tête au premier tour
ELECTIONS•Le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro arrive en tête du premier tour de la présidentielle au Brésil avec 48,12 % des voix, selon des premiers résultats partiels…N.Sa avec AFP
Les Brésiliens ont voté en masse pour lui dimanche, portés par l’espoir d’un changement dans ce pays en crise. Le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro arrive en tête du premier tour de la présidentielle au Brésil avec 48,12 % des voix, selon des premiers résultats partiels, et affrontera au deuxième tour le candidat de la gauche, Fernando Haddad (26,9 %).
Ces premiers résultats, annoncés par le Tribunal supérieur électoral (TSE) portent sur le dépouillement de 72 % des urnes. Ils ont été accueillis avec une grande déception par les partisans de Bolsonaro, qui voit apparemment s’évanouir ses chances d’être élu dès le 1er tour.
Un vote obligatoire
Des quartiers chics de Sao Paulo aux favelas de Rio de Janeiro, 147 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes dans ce pays où le vote est obligatoire. Tous ont exprimé l’espoir que ce scrutin apporte le « changement » dans un Brésil rongé par une crise économique et politique aigüe, une violence endémique et d’innombrables scandales de corruption.
Pour nombre d’entre eux, le candidat de l’extrême droite, Jair Bolsonaro, 63 ans, est apparu comme l’homme de la situation. « Le Brésil veut du changement », a déclaré à l’AFP Roseli Milhomem, dans un bureau du centre de Brasilia, où elle a voté pour l’ex-militaire. « On en a assez de la corruption ». A Rocinha, une immense favela de Rio, Antonio Pereira Moraes, 49 ans, a aussi voté pour l’ex-militaire : « Le Brésil a besoin d’un changement, il y a beaucoup de choses à faire que les autres n’ont pas faites, surtout dans le domaine de la santé », dit-il.
Populaire dans toutes les couches sociales
Ex-capitaine de l’armée, Jair Bolsonaro, devenu un phénomène électoral depuis qu'il a frôlé la mort dans un attentat le 6 septembre, a voté en début de matinée à Rio. « Ca va se terminer aujourd’hui », a-t-il assuré devant des journalistes. « Le 28 (octobre, date du deuxième tour), on va à la plage ! ». Un scénario qui fait trembler les démocrates dans le grand pays latino-américain, mais que certains analystes n’excluaient pas.
Même sur la place Sao Salvador, un des fiefs de la gauche à Rio, certains électeurs affichaient leur enthousiasme pour Jair Bolsonaro. « Notre pays a besoin de changement, ça ne peut plus continuer comme ça », affirme Terezinha Diniz. Député pendant 27 ans, ce catholique pro-armes qui admire le président américain Donald Trump n’a jamais été impliqué dans une affaire de corruption et ses électeurs se recrutent dans toutes les couches sociales, et parmi les jeunes.
Bolsonaro, qui a cultivé une image d'« outsider » malgré sa longue carrière politique, a aussi prospéré sur un fort sentiment anti-PT, le Parti des travailleurs de l’ex-président de gauche Lula. Une partie de la population juge le PT responsable de tous les maux du pays, où la crise économique a fait près de 13 millions de chômeurs.
« Comme femme, comme Brésilienne, j’espère qu’il ne va pas gagner »
Le candidat du PT, Fernando Haddad, 55 ans, principal rival de Bolsonaro, a voté à Sao Paulo, ville dont il fut maire, entouré de militants chantant à pleins poumons pour couvrir un concert de casseroles. « Le Brésil court un grand risque de fouler au pied 30 ans de conquêtes » sociales et démocratiques, a-t-il averti.
« Ca serait une catastrophe si (Bolsonaro) passait », estime José Dias, un électeur de gauche, dans un bureau de vote du nord de Brasilia. « Beaucoup de jeunes votent pour lui, ils ne savent pas ce qu’a été la dictature » (1964-85). Camila Silva, 18 ans, habitante de Rocinha, ne veut pas non plus du candidat d’extrême droite.«Comme femme, comme Brésilienne, j'espère qu'il ne va pas gagner», confie la jeune femme, qui vote pour la première fois et craint les propositions « patriarcales » du favori.
Le duel qui se profile au second tour pour succéder au très impopulaire Michel Temer sera le résultat d’une attraction des électeurs vers les extrêmes, concomitante à l’effondrement du centre, notamment le grand parti PSDB de Geraldo Alckmin.