Turquie: La police estime que le journaliste Khashoggi a été tué au consulat saoudien
ENQUETE•Jamal Khashoggi, un critique du pouvoir de Ryad, est porté disparu depuis mardi à Istanbul...20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, critique du pouvoir de Ryad et porté disparu depuis mardi à Istanbul
- La police turque estime qu'il a été tué au consulat de son pays
- Ryad dément les allégations d'Ankara
La police turque estime que le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, critique du pouvoir de Ryad et porté disparu depuis mardi à Istanbul, a été tué au consulat de son pays, selon une source proche du gouvernement.
« La police estime dans ses premières conclusions que le journaliste a été tué au consulat par une équipe venue spécialement à Istanbul et repartie dans la même journée », a indiqué cette source à l’AFP.
La police turque avait affirmé un peu plus tôt qu’un groupe de 15 Saoudiens avait fait mardi l’aller-retour à Istanbul et se trouvait au consulat en même temps que Jamal Khashoggi, qui n’a, selon la police, jamais quitté la représentation diplomatique.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté dit attendre les résultats de l’enquête. « Je suis le sujet et quel que soit le résultat (de l’enquête), nous le communiquerons au monde », a-t-il déclaré à des journalistes.
Ryad dément
L’agence de presse officielle saoudienne SPA a rapporté ce dimanche qu’un responsable du consulat d’Arabie saoudite avait démenti sous couvert de l’anonymat les informations selon lesquelles le journaliste aurait été tué.
« Le responsable a démenti avec force ces accusations sans fondement », selon SPA. L’agence a ajouté qu’une équipe d’enquêteurs saoudiens se trouvait en Turquie et travaillait avec les autorités locales.
« J’attends une confirmation officielle du gouvernement turc pour y croire », a réagi sur Twitter la fiancée turque du journaliste, Hatice Cengiz.
Exilé aux Etats-Unis
Ryad assure que Jamal Khashoggi, un critique du pouvoir de Ryad écrivant notamment pour le quotidien américain Washington Post, a quitté le consulat après y avoir effectué des démarches mardi.
Dans un entretien accordé vendredi à l’agence Bloomberg, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a affirmé que Jamal Khashoggi était effectivement « entré » au consulat mais qu’il en était sorti peu après. Il a invité les autorités turques à « fouiller » le consulat.
Jamal Khashoggi s’est exilé aux Etats-Unis l’année dernière redoutant une arrestation, après avoir critiqué certaines décisions de Mohammed ben Salmane et l’intervention militaire de Ryad au Yémen.
Selon sa fiancée, il s’était rendu au consulat pour effectuer des démarches en vue de leur mariage.
L’ambassadeur saoudien en Turquie a été convoqué par Ankara mercredi au sujet de cette affaire. Une enquête judiciaire a également été ouverte.
« Crime d’Etat »
« Si les informations sur l’assassinat de Jamal sont vraies, c’est un acte monstrueux et incompréhensible », a déclaré dans un communiqué Fred Hiatt, directeur de la rubrique opinion du Washington Post.
« Jamal était --ou, comme nous l’espérons, est-- un journaliste courageux et engagé. Il écrit par amour pour son pays, et une foi profonde dans la dignité humaine et la liberté », a-t-il poursuivi.
« Ce sont des allégations extrêmement graves », a déclaré un porte-parole du ministère britannique des Affaire étrangères, interrogé par l’AFP. « Nous travaillons urgemment pour établir les faits ».
Le département d’Etat américain a indiqué samedi n’être « pas en mesure de confirmer » le sort de Jamal Kashoggi mais suivre « la situation de près ».
Le secrétaire général de Reporters sans Frontières (RSF), Christophe Deloire, a tweeté que si les informations selon lesquelles Khashoggi aurait été tué étaient confirmées, « il s’agirait d’un crime d’Etat d’un autre temps ».
Le représentant de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) pour la liberté des médias, Harlem Désir, a appelé sur Twitter les autorités turques à « dévoiler les détails » de cette affaire, estimant que « les personnes responsables de ce crime horrible doivent faire face à la justice ».