Qui succédera à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), grand gagnant du prix Nobel de la paix l’an passé ? Les cinq membres du comité norvégien, chargés de désigner le lauréat 2018, ce vendredi à Oslo, devront départager 331 individus et organisations en lice.

À l’approche du prix Nobel de la paix, il est plus aisé de rayer des noms que prédire celui du gagnant. Donald Trump ? Inapproprié. Le rapprochement sur la péninsule coréenne ? Sans doute prématuré. Celui entre l’Éthiopie et l’Érythrée ? Probablement trop récent.

Les dirigeants coréens, Donald Trump ou la réconciliation entre Éthiopie et Érythrée

Si les sites de paris en ligne évoquent les dirigeants sud-coréen Moon Jae-in et nord-coréen Kim Jong-un, grâce au début de rapprochement entre les deux pays, les experts sont perplexes : « D’un côté, la percée inter-coréenne est, je pense, la chose la plus spectaculaire dans ce domaine cette année. De l’autre, je me demande si ce ne serait pas prématuré », commente Dan Smith, directeur de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

Quid de Donald Trump, que certains responsables internationaux comme l’ex-chef de la diplomatie britannique Boris Johnson et Moon Jae-in lui-même verraient bien auréolé pour ses initiatives sur cette même péninsule coréenne ? Un prix « inapproprié pour Dan Smith qui pointe ses décisions, « très négatives pour la paix », de retirer les États-Unis des accords sur le climat et sur le nucléaire iranien.

La réconciliation naissante entre Ethiopie et Erythrée alimente aussi les espoirs qu’une paix durable s’installe entre les deux frères ennemis africains. Pour Peter Wallensteen, professeur suédois et spécialiste des questions internationales, le prix pourrait ainsi aller au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. Mais il est arrivé au pouvoir en avril, et le rapprochement a eu lieu cet été.

Un prix en rapport avec le mouvement #MeToo

Faute de certitudes, certains observateurs se tournent vers des « classiques ». Avec le mouvement #MeToo, le prix pourrait récompenser des champions de la lutte contre les violences sexuelles, tels que le gynécologue congolais Denis Mukwege, déjà nominé dans le passé, et la jeune Yazidie Nadia Murad, ex-esclave sexuelle du groupe État islamique.

Parmi les nobélisables sont aussi cités le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), le blogueur saoudien Raif Badawi, des associations de défense des médias comme Reporters sans frontières (RSF), et des défenseurs des droits de l’Homme en Russie comme l’ONG Memorial et le journal Novaïa Gazeta.