DIPLOMATIELe Chili va-t-il devoir céder du littoral à la Bolivie?

Pour l’accès à la mer de la Bolivie, le Chili va-t-il devoir céder du terrain?

DIPLOMATIELa Cour internationale de justice estime que le Chili n’est pas obligé de négocier avec son voisin mais espère quand même des discussions se mettent en place…
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

La Cour internationale de justice (CIJ) a rendu lundi son arrêt dans un différend frontalier qui mine depuis plus d’un siècle les relations bilatérales entre le Chili et la Bolivie, qui cherche à retrouver un accès à la mer. La Bolivie est devenue enclavée après avoir perdu son accès à l’océan Pacifique à l’issue d’une guerre de quatre ans contre le Chili en 1883. Non, le Chili n’est pas obligé d’engager des négociations avec son voisin, a dit le CIP. Le juge Abdulqawi Ahmed Yusuf a cependant déclaré avoir l’espoir qu'« avec la volonté des deux parties, des négociations sérieuses pourraient être engagées ».

Après plus d’un siècle de négociations infructueuses avec Santiago, La Paz a déposé une plainte auprès de la CIJ en avril 2013, clamant que le Chili s’était toujours engagé envers la Bolivie pour mettre fin à l’enclavement du pays le plus pauvre de l’Amérique du Sud.

Le président bolivien Evo Morales a demandé en mars au début des plaidoiries à ce que la CIJ oblige Santiago à revenir à la table des négociations. La présence du président bolivien aux audiences « souligne les enjeux élevés pour la Bolivie et le Chili, qui a beaucoup à perdre en termes de superficie du littoral », a déclaré Geoff Gordon, chercheur spécialisé en droit international à l’Institut Asser, à La Haye. La décision de la CIJ suscitera « déception et colère », quoi qu’il arrive, a-t-il poursuivi.

400 kilomètres de littoral, jadis…

La Bolivie, qui possédait autrefois 400 kilomètres de littoral le long du désert d’Atacama, affirme que la croissance annuelle de son PIB serait supérieure d’au moins 20 % si elle n’avait pas été privée d’un accès à la mer. La perte notamment de la mine de Chuquicamata, la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert du monde qui se trouve dans la zone disputée, a gravement touché les peuples indigènes du pays, selon des militants boliviens.

La présence de Evo Morales aux audiences pourrait jouer un rôle dans ses aspirations à se présenter pour la quatrième fois à l’élection présidentielle en Bolivie l’année prochaine, selon les observateurs. « Ce qui est en jeu, ce n’est pas tant la souveraineté de l’accès à la mer, mais surtout la stratégie politique d’Evo Morales », a déclaré Lucia Dammert, analyste basée à Santiago. « Quoi qu’il arrive », le président bolivien tournera la décision de la CIJ à son avantage, a-t-elle poursuivi auprès de l’AFP.

…perdus suite à une guerre

Santiago affirme que la frontière est basée sur un traité de paix signé avec la Bolivie en 1904 au lendemain de la guerre du Pacifique (1879-1883). La semaine dernière, le ministre chilien des Affaires étrangères Roberto Ampuera a affirmé que le « territoire souverain » du pays est « protégé ». Mais le président chilien Sebastian Pinera n’a pas exclu une « solution intermédiaire » selon laquelle la CIJ « invite les parties à négocier de bonne foi, avec ou sans résultat prédéterminé ». Par ailleurs, les deux pays s’affrontent également à La Haye sur un litige fluvial : la Bolivie conteste au Chili l’exploitation du fleuve frontalier Silala.