VIDEO. «Non, pas lui», les Brésiliennes en masse dans la rue contre le candidat d'extrême droite à la présidentielle
BRESIL•Les Brésiliennes reprochent à Jair Bolsonaro, favori à la présidentielle, de défendre la violence, le racisme et de dévaloriser les femmes…N.Sa avec AFP
Elles veulent faire entendre leurs voix et éviter l’élection d’un président misogyne. Au cri de « Non, pas lui ! », des dizaines, voire des centaines, de milliers de Brésiliennes ont manifesté samedi contre le candidat d’extrême droite à la présidentielle Jair Bolsonaro.
Les plus grandes manifestations se sont déroulées dans les métropoles de Rio de Janeiro, Sao Paulo et Brasilia. Au total 62 villes, selon le site internet d'informations G1, ont vu des femmes descendre dans les rues, à huit jours du premier tour dont Jair Bolsonaro est le favori.
500.000 personnes ont participé au mouvement
Alors que les cortèges se dispersaient sans incidents en soirée, les organisateurs ont estimé que 500.000 personnes avaient participé au mouvement lancé sur les réseaux sociaux, tandis que la Police militaire indiquait qu’elle ne fournirait aucun chiffre.
De grandes places du centre de Rio ou de Sao Paulo ont été envahies par une marée humaine. « Ici, il y a des personnes blanches, noires, homosexuelles, des pères et des mères de famille, avec une grande diversité. Et ce type de candidat [Bolsonaro], ce type de politique ne représente pas la culture brésilienne dans sa grande diversité », a déclaré à l’AFP Beatriz Lorena, une enseignante de 33 ans qui a rejoint la foule massée sur la place Cinelandia et les rues adjacentes, dans le centre de Rio.
Une mobilisation historique
Des dizaines de milliers de personnes étaient également réunies sur l’esplanade Largo da Batata à Sao Paulo. « Quelqu’un qui défend la violence, le racisme ou dévalorise les femmes ne peut pas être président du Brésil », juge Cristina, 56 ans, présente avec son mari au rassemblement organisé dans la capitale économique du Brésil.
L’offensive des femmes, lancée au début septembre avec un groupe sur Facebook baptisé « Les femmes unies contre Bolsonaro », s’est traduite en actes après une mobilisation massive sur les réseaux sociaux, au Brésil et à l’étranger. « Dans l’histoire récente du pays sud-américain, on ne trouve pas la trace d’une mobilisation aussi importante liée aux femmes », a observé Ligia Fabris Campos, professeure de droit à la Fondation Getulio Vargas. Des manifestations étaient également organisées par des collectifs de femmes samedi dans divers pays d’Amérique et d’Europe.
Un candidat polémique
Jair Bolsonaro, député de 63 ans, caracole en tête des intentions de vote du premier tour de la présidentielle du 7 octobre. Il est sorti samedi matin de l'hôpital où il avait été admis début septembre, après avoir été poignardé lors d’un bain de foule.
Le candidat a été à l’origine d’une nouvelle polémique : il a menacé vendredi soir de ne pas reconnaître le résultat des élections s’il n’était pas élu. « De ce que je vois dans la rue, je n’accepte (rai) pas un résultat aux élections qui soit différent de mon élection », a-t-il déclaré à la chaîne Bandeirantes. « Un candidat qui fait une déclaration comme celle-ci dit clairement au pays qu’il a l’intention de mener un coup d’État contre notre démocratie », a estimé le candidat de centre gauche Ciro Gomes, troisième dans les sondages du 1er tour.
Les femmes représentent 52 % de l’électorat brésilien
Jair Bolsonaro a souvent défrayé la chronique avec des saillies misogynes, homophobes et racistes. L’ancien capitaine de l’armée a par exemple déclaré à une députée qu’elle ne « méritait pas » qu’il la viole ou déploré la longueur des congés maternité.
Les femmes représentent 52 % de l’électorat brésilien, et beaucoup d’entre elles restent indécises. Mais le candidat Bolsonaro suscite une forte hostilité chez les électrices : environ 50 % d’entre elles assurent qu’elles ne voteraient jamais pour lui.