Affaire Skripal: Pour le Kremlin, il est «difficile de démêler le vrai du faux»
MOUAIS•Contre les accusations de Londres dans l'affaire de l'empoisonement de l'ancien espion russe, le Kremlin joue au plus fin...20 Minutes avec AFP
Le Kremlin a estimé vendredi qu’il était « difficile de démêler le vrai du faux » dans les informations ayant trait à l’empoisonnement de l’ex-espion russe Sergueï Skripal en mars en Angleterre, après une enquête du site Bellingcat identifiant un suspect. « Nous ne savons pas à quel point sont crédibles les faits qui sont exposés et dans quelle mesure il est possible de vérifier l’identité des personnes présentées », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Les autorités britanniques affirment que l’empoisonnement, à l’agent innervant Novitchok, de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia en mars à Salisbury a été perpétré par deux agents du GRU, le renseignement militaire russe. Selon le site internet Bellingcat, spécialisé dans la collecte et l’analyse d’informations disponibles en ligne, l’un des deux suspects est le colonel Anatoli Tchepiga, un officier du GRU. Le site a notamment publié une photo du passeport d’Anatoli Tchepiga datant de 2003, qui ressemble à « Ruslan Boshirov », l’un des deux suspects identifiés par Londres.
Peut-être des sosies ?
« Nous ne savons pas s’il est possible de tirer des conclusions officielles sur qui ressemble à qui, où cette personne habite, où elle a grandi et ainsi de suite », a poursuivi Dmitri Peskov. « Nous avons encore une dizaine de Staline et une quinzaine de Lénine arpentant la Place rouge et ils ressemblent tous extrêmement aux originaux », a-t-il ironisé, en référence aux « doubles » des deux dirigeants soviétiques avec qui les touristes aiment se prendre en photo.
Selon Bellingcat, Tchepiga est né en 1979 à Nikolaïevka, village de l’est de la Russie. Sorti d’une prestigieuse académie militaire de cette région, il aurait ensuite servi au sein des forces spéciales du GRU et aurait été décoré de la plus haute distinction du pays par Vladimir Poutine. « Nous avons vérifié. Je n’ai aucune information sur le fait qu’une personne portant ce nom a été décorée », a commenté vendredi Dmitri Peskov.
Rien de « criminel » pour Poutine
Le président Vladimir Poutine avait déclaré le 12 septembre que les deux hommes accusés par Londres étaient des « civils » n’ayant rien fait de « criminel ». Les deux hommes avaient ensuite été interviewés par la chaîne de télévision publique russe RT, affirmant s’être rendus en touristes à Salisbury, ville du sud-ouest de l’Angleterre où vivait l’ex-agent double empoisonné. Ils avaient démenti être des agents du GRU.