Accord de libre-échange nord-américain: Les négociations proches du but entre Etats-Unis et Canada?
TRACTATIONS•Donald Trump a imposé, il y a plus d’un an, la renégociation de cet accord de libre-échange commercial signé en 1994 entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique…R. G.-V. avec AFP
Washington et Ottawa pourraient sceller prochainement un compromis pour moderniser l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna), a estimé mardi soir la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland à l’issue de nouvelles réunions à Washington. Elle a précisé qu’il s’agissait de parvenir à un « bon accord » pour les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.
La renégociation pour moderniser l’Aléna, qui lie depuis 1994 les économies des trois pays, a été imposée en août 2017 par le président américain Donald Trump qui considère ce traité comme « le pire » de l’histoire pour avoir détruit des emplois américains, notamment dans le secteur automobile. Le locataire de la Maison Blanche exige ainsi des pays partenaires d’ouvrir davantage leurs marchés aux produits américains.
Déjà un accord entre Etats-Unis et Mexique
Si Washington et Mexico sont parvenus à un compromis fin août, les tractations entre les Etats-Unis et le Canada achoppent jusqu’à présent sur trois points majeurs : un dispositif de règlement des litiges commerciaux (dit chapitre 19), un dispositif protégeant le secteur laitier au Canada et les subventions canadiennes dans le domaine culturel.
Donald Trump et Justin Trudeau avaient pourtant semblé camper sur leurs positions mardi. « Nous négocions tous en faisant preuve de bonne foi », avait certes affirmé le président américain, ajoutant que les discussions avançaient « bien ». Mais il avait aussitôt ajouté : « Si un accord est trouvé, tant mieux. Si nous n’y parvenons pas, ça ira aussi ». Donald Trump a maintes fois menacé de sortir de l’Aléna si aucun terrain d’entente n’était trouvé entre Ottawa et Washington.
Mécanisme de « gestion de l’offre » sur le lait au Canada
« Nous avons été vraiment, vraiment fermes sur la nécessité de maintenir des choses comme (…) un mécanisme indépendant de règlement des différends qui protège notre exception culturelle et plusieurs autres choses telles que nos producteurs laitiers et la gestion de l’offre » agricole, avait affirmé de son côté Justin Trudeau, le Premier ministre canadien. Justin Trudeau et Chrystia Freeland n’ont eu de cesse, eux, de marteler que le gouvernement canadien ne signerait un accord qu’à la condition sine qua non qu’il soit « bon pour le Canada ».
Ottawa bénéficie d’un mécanisme de protection de son secteur laitier, actuellement en grande partie exclu de l’Aléna, qui permet de contrôler la production et le prix du lait, des œufs et de la volaille canadiens tout en assurant aux fermiers canadiens des revenus stables et prévisibles. Les Etats-Unis, dont la production de lait est excédentaire, souhaitent un plus grand accès à ce marché. Des sources canadiennes avaient récemment indiqué à l’AFP que le gouvernement libéral pourrait faire quelques concessions dans le secteur agricole pour sauver l’Aléna, un accord crucial pour les trois économies dont les échanges commerciaux ont explosé depuis sa mise en œuvre.