Massacre des Herero et des Nama: L'Allemagne restitue des ossements à la Namibie plus d'un siècle après
COLONISATION•Ce geste a été jugé insuffisant de la part des descendants des tribus Herero et Nama, qui exigent des excuses officielles de la part de l’Allemagne…20 Minutes avec agences
La démarche s’inscrit dans une volonté de réconciliation après une histoire commune très compliquée. L’Allemagne a remis ce mercredi à la Namibie des ossements de membres des tribus Herero et Nama exterminés durant la période coloniale. Ce geste est cependant jugé insuffisant par leurs descendants qui exigent des excuses officielles.
Ainsi, lors d’une cérémonie religieuse à Berlin, dix-neuf crânes, des ossements divers et un scalp pris par les forces coloniales allemandes ont été remis à une délégation namibienne conduite par la ministre de la Culture, Katrina Hanse-Himarwa. Michelle Müntefering, secrétaire d’Etat allemand aux Affaires étrangères, a demandé « le pardon du fond du cœur ». Elle a également estimé que l’Allemagne avait « encore fort à faire » pour assumer son passé colonial sur ce territoire africain (1884-1915).
Des excuses jugées insuffisantes
Ces excuses ont cependant été jugées insuffisantes par les représentants des deux ethnies, victimes de ce que les historiens considèrent comme le premier génocide du XXe siècle. A l’extérieur de l’édifice religieux où a eu lieu la cérémonie, une vingtaine de personnes ont protesté, regrettant notamment que le gouvernement allemand n’ait pas présenté des excuses officielles. Un geste auquel Berlin n’est pas encore prêt pour ne pas ouvrir la voie à un flot de demandes de dédommagements financiers.
Le gouvernement allemand a toutefois déjà reconnu sa responsabilité dans les massacres et indiqué en 2016 qu’il prévoyait des excuses officielles dans le cadre de négociations avec la Namibie. Mais les discussions sont toujours en cours. « Des réparations, une reconnaissance et des excuses » sont les conditions d’une normalisation des relations diplomatiques entre l’Allemagne et la Namibie, a rappelé la ministre Katrina Hanse-Himarwa.
Au moins 70.000 morts
Privés de leurs terres et de leur bétail, les Herero s’étaient révoltés en 1904 contre les colons allemands. Envoyé pour mater la rébellion, le général Lothar von Trotha avait alors ordonné leur extermination. Les Nama, eux, s’étaient soulevés un an plus tard.
Au total, au moins 60.000 Herero et environ 10.000 Nama perdirent la vie entre 1904 et 1908. Les ossements, en particulier les crânes de victimes, avaient été envoyés en Allemagne pour des expériences scientifiques à caractère racial.