VIDEO. Allemagne: Après une «chasse» aux étrangers à Chemnitz, l'extrême droite descend dans la rue
ALLEMAGNE•Le rassemblement organisé par Pegida exigeait que le gouvernement garantisse « la sécurité de ses citoyens » après le meurtre d’un Allemand vraisemblablement commis par deux jeunes étrangers...M.C. avec AFP
Avec des pancartes « Merkel doit partir », « Arrêter le flot de demandeurs d’asile » ou « Défendre l’Europe ! », des milliers de sympathisants d’extrême droite se sont rassemblés lundi soir à Chemnitz sous haute tension, au lendemain d’une « chasse collective » aux immigrés dans cette ville de l’ex-RDA, dénoncée avec véhémence par la chancelière allemande Angela Merkel.
La police a refusé de fournir une estimation du nombre de manifestants mais les télévisions sur place ont parlé d’au moins 2.000 personnes. La police de Saxe a fait état « de quelques personnes blessées » à la suite de « jets d’articles pyrotechniques et autres objets », de personnes au visage dissimulé et d’autres faisant le salut hitlérien. Mais elle a assuré que la situation était « sous contrôle ».
Dans cette cité de Saxe, région où l’extrême droite et les néo-nazis sont fortement implantés, les protestataires se sont retrouvés devant un immense buste de Karl-Marx - Chemniz fut rebaptisée Karl-Marx-Stadt durant la période communiste - et sous une forte escorte policière après de violents incidents dimanche. Les forces de l’ordre, déployées en masse avec notamment des canons à eau, ont maintenu à distance un cortège de l’extrême gauche qui tentait de s’approcher du rassemblement d’extrême droite.
« Chasses collectives » contre des étrangers dans les rues
Mot d’ordre de ce rassemblement organisé par le mouvement Pegida : exiger que le gouvernement allemand garantisse « la sécurité de ses citoyens » après le meurtre d’un Allemand de 35 ans vraisemblablement commis par deux jeunes étrangers, un Syrien et un Irakien.
Quelque 800 personnes, dont une cinquantaine prêtes à en découdre avec la police, s’étaient rassemblées dimanche à la suite d’appels en ce sens sur les réseaux sociaux, selon Sonja Penzel, qui dirige la police de la ville. Ces sympathisants d’extrême droite avaient « attaqué à coups de jets de bouteilles et de pierres » des policiers qui ont dû faire usage de gaz lacrymogènes, selon la responsable. Ils avaient également lancé dans les rues des « chasses collectives » contre des étrangers que la chancelière a dénoncées promptement et avec véhémence.
Ces événements « n’ont pas leur place dans notre Etat de droit », a affirmé son porte-parole, Steffen Seibert. « Il est important pour le gouvernement, pour tous les élus démocrates et, je pense, pour une large majorité de la population de dire clairement que de tels attroupements illégaux et chasses collectives visant des gens d’apparence ou d’origine différente, ou encore les tentatives de semer la haine dans les rues, n’ont pas leur place dans notre pays ».
Un meurtre qui a ravivé les tensions autour de la question migratoire
Les deux suspects du meurtre, âgés de 22 et 23 ans, sont soupçonnés d’avoir « sans justification, à plusieurs reprises, porté des coups de couteau » à la victime à la suite d’une « altercation verbale », selon le Parquet. Selon plusieurs témoignages et des vidéos sur les réseaux sociaux, les manifestants qui se sont ensuite réunis dimanche pour dénoncer ce crime s’en sont pris physiquement à des étrangers en les pourchassant.
Selon la police, trois plaintes impliquant 4 personnes ont déjà été déposées. Une adolescente de 15 ans et son compagnon afghan de 18 ans ont été légèrement blessés. Peu après, un Syrien de 18 ans a été frappé. Un Bulgare de 30 ans a aussi été menacé un peu plus tard alors que plusieurs vidéos tournées durant les incidents sont en cours d’évaluation par les policiers, notamment l’une dans laquelle un homme « est véritablement poursuivi » par un autre, selon Sonja Penzel.
Cette affaire a ravivé les tensions autour de la question migratoire en Allemagne, quasi permanentes depuis trois ans et l’arrivée de plus d’un million de demandeurs d’asile. En Saxe, qui ne compte que 4,4 % d’étrangers, la communauté turque a dénoncé « des tentatives de pogroms ».