En accueillant l’Aquarius, Malte évite une belle polémique à Emmanuel Macron
IMMIGRATION•En errance avec 141 migrants à bord depuis vendredi, l’Aquarius va finalement pouvoir accoster à Malte…V.V.
L'essentiel
- Malte a donné son accord à l’Aquarius pour accoster sur son sol.
- Les 141 migrants à bord seront répartis dans cinq pays dont la France.
- Emmanuel Macron n’est pas sorti de son silence sur le sujet.
Les quelques nuages qui s’amoncelaient au dessus du fort de Brégançon (Var) se sont dissipés tout d’un coup. Après avoir dans un premier temps refusé, le gouvernement maltais a finalement donné l’autorisation, mardi après-midi, à l’Aquarius d’accoster dans un de ses ports. Affrété par les ONG SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, le navire humanitaire errait au large de la Libye depuis vendredi, après avoir secouru 141 migrants perdus en mer Méditerranée.
Joseph Muscat, le Premier ministre maltais, a rappelé sur Twitter qu’il n’avait pas « l’obligation légale d’accueillir le navire » et qu’il ne l’avait fait qu’à la condition que les 141 migrants à bord soient répartis « entre l’Allemagne, le Luxembourg, le Portugal, l’Espagne et la France. » De quoi éviter à Emmanuel Macron, qu’il a d’ailleurs remercié, une bonne crise diplomatique.
Avec Le Pen et les Républicains, la polémique ne prend pas de vacances
En vacances dans le Var, le chef de l’État est resté silencieux. Seul un porte-parole de l’Elysée a fait savoir, à 20 Minutes, que la France « discutait avec ses partenaires pour trouver rapidement » un port d’accueil au navire après les refus successifs de l’Italie et de Malte.
Un silence assourdissant alors que la polémique commençait à enfler. Alors que les ports de Sète (Hérault) et de Bastia (Corse) avaient appelé à plus d’humanité et s’étaient portés volontaires pour accueillir le navire humanitaire, le dossier avait pris un tour politique. C’est d’abord Marine Le Pen qui avait, sur Twitter, appelé la France à « fermer ses ports aux navires de migrants » avant que le parti Les Républicains ne propose, simplement, à la Tunisie d’ouvrir ses portes à l’Aquarius.
« Cela n’empêche pas Macron de prendre le leadership »
« Cela montre bien qu’il y a une faille dans le système européen, réagissait avant la volte-face maltaise Antoine Laurent, responsable des opérations maritimes au sein de SOS Méditerranée. Nous avons connu un problème en juin. Nous en avons un autre en août. Et nous en aurons d’autres dans les prochaines semaines ou mois si l’Europe ne fait rien sur ce dossier migratoire… »
Un avis que partage Sonia Krimi, députée (LREM) de la Manche. « La solution est évidemment européenne, confie-t-elle à 20 Minutes. Mais cela n’empêche pas Emmanuel Macron de prendre le leadership sur ce dossier. Je me demande ce que l’Elysée attend. »
Sans doute de connaître le résultat d’un calcul politique : combien de points dans les sondages d’opinion cela coûterait-il à Emmanuel Macron d’accueillir des migrants en perdition en Méditerranée ? Vivement critiquée en Allemagne pour sa politique d’ouverture en 2015, Angela Merkel pourrait lui souffler une idée de la réponse.
Aucun volontaire pour ouvrir des centres
Fin juin, les pays membres de l’Union européenne avaient arraché un accord, après neuf heures de négociations, portant sur la création de centres d’accueil sur le sol européen sur la base du volontariat. Quasiment deux mois plus tard, aucun pays ne s’est encore porté volontaire pour abriter un de ces centres.